Nouveau coup de tonnerre dans l’affaire Jegou/Auradou, l’éventuel décision de non lieu a été mise en délibéré, sans date.
L’affaire des deux joueurs du XV de France, Oscar Jegou et Hugo Auradou qui a débuté en Argentine, est encore loin d’être terminée. La décision sur un éventuel non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou a été mise en délibéré, sans date, ont annoncé les parties à l’AFP. La juge Eleonora Arenas aurait pu rendre une décision dès la fin de cette procédure mais a refusé.
Pour rappel, les deux internationaux avaient été inculpés de viol aggravé (car commis en réunion) pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un test-match contre l’Argentine. Après une première longue bataille, les joueurs ont été autorisés par la justice argentine à quitter le pays le 3 septembre et retourner en France, malgré leur mise en examen. La raison ? « l’existence de contradictions notoires, d’incohérences, de zones grises et même d’explications insuffisantes » comme a expliqué le parquet. Au fil de l’enquête, d’analyse de témoignages, d’images de vidéo surveillance, de messages audios (de la plaignante avec une amie, notamment), « il ressort clairement (…) que l’accusation initiale a perdu de sa force », avait relevé le parquet ces dernières semaines.
Un témoignage glaçant
La victime présumée avait livré un témoignage glaçant à Envoyé Spécial quelques jours plus tard. « Ils m’ont brutalisée et considérée comme un morceau de viande », explique-t-elle. « Il m’a attrapé le cou. Il m’a mise sur le lit. Il m’a déshabillée comme une brute. Il m’a tirée hors du lit alors que j’étais nue et il m’a soulevée par le cou, à tel point que je n’avais plus d’oxygène. J’ai essayé de réagir en le giflant. Au lieu de l’arrêter, cette gifle l’a incité à continuer ».
Des messages audios qui remettent en cause la version de la victime ?
Des pièces cruciales apportées au dossier ont fuité dans la presse. Il s’agit des messages audios de la plaignante à une amie dans les heures ayant suivi le supposé viol. Le journal argentin La Nacion a dévoilé le contenu d’un de ces messages : « Tu ne sais pas à quel point ce Français était mignon, le plus grand, le gamin était terrible ». Le site argentin Clarin dévoile même des messages beaucoup plus explicites de la part de la plaignante : « J’ai rencontré un rugbyman français. Super grand le mec. Trop beau, trop beau. Je suis rentrée chez moi à 9 heures du matin. À 9 heures ! Je te dois tout, tu m’as encouragée à ne pas rester ici chez moi, toujours la même histoire. Quand je sors, j’en profite. Il m’a éclatée, il m’a éclatée. Il m’a explosée le mec. J’ai des marques sur le dos, la mâchoire. »
Rafael Cúneo Libarona, un autre avocat des deux joueurs, a affirmé le 6 août que « l’innocence des deux joueurs a été démontrée », estimant qu’il y aurait des « contradictions notoires » dans le témoignage de la femme âgée de 39 ans. De son côté, Natacha Romano, avocate de la plaignante, fustige depuis le début une « manipulation » et un « acte prémédité » après la diffusion des messages vocaux dans la presse argentine. « Il y a 23 messages vocaux au total et seulement quatre ou cinq ont été divulgués, dans le désordre en étant totalement sortis de leur contexte », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé au Parisien. Elle a par ailleurs affirmé que les joueurs n’avaient « jamais pu répondre s’ils avaient demandé à la victime si elle était d’accord ou non ».
Un trouble de la coagulation qui a relancé l’enquête ?
Les deux joueurs avaient affirmé depuis le début de l’affaire que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. Ils avaient nié toute violence, quand l’avocate de la plaignante avait évoqué « une violence terrible ». Ces dernières semaines, une nouvelle expertise médicale avait été présentée pour justifier que la plaignante ne souffrait pas d’un trouble de la coagulation. Cette maladie (appelée maladie de Willebrand) avait été invoquée par la défense des joueurs pour expliquer les ecchymoses retrouvées sur son corps. La jeune femme avait elle-même admis, dans un premier temps au début de l’affaire, souffrir de cette maladie. Une version contradictoire donc qui aliment une nouvelle fois certaines incohérences dans la version. Les experts sollicités dans un premier temps dans cette affaire avaient noté « des contenus contradictoires et inconsistants au moment d’expliquer des situations auxquelles on la confronte (…) qui dessinent globalement un récit peu vraisemblable ».