(Killington) Tandis que Mikaela Shiffrin s’approche de sa 100e victoire, la championne mondiale de slalom Laurence St-Germain tentera de monter sur son premier podium en Coupe du monde dimanche à Killington.
Publié hier à 23 h 57
Laurence St-Germain a déjà raconté comment Mikaela Shiffrin l’avait guidée durant les activités protocolaires et médiatiques suivant sa médaille d’or surprise aux Championnats du monde de Méribel en 2023. Ce coup de pouce n’était pas que pour la galerie.
La Québécoise l’a compris à sa course suivante à la Coupe du monde d’Äre, en Suède. En remportant le slalom, l’Américaine est devenue la skieuse la plus victorieuse de tous les temps, devançant la légende locale Ingemar Stenmark avec ce 87e succès.
Cinquième de cette épreuve, un sommet personnel sur le Cirque blanc, St-Germain était heureuse de faire partie de ce moment historique. En passant devant Shiffrin, qui trônait dans le siège de la meneuse après la première manche, elle l’avait remerciée pour ce qu’elle avait fait pour elle un mois plus tôt en France.
En soirée, elle avait été surprise de recevoir un message de Shiffrin, qui la remerciait de l’avoir… remerciée. Comme si son horaire n’était pas suffisamment chargé ce jour-là.
« Elle devait avoir trois millions d’autres choses à faire que de m’écrire ! », s’est exclamée St-Germain, vendredi matin.
« J’avais trouvé super gentil de sa part qu’elle prenne le temps, loin des caméras et sans que personne le sache, de m’écrire dans ce qui était probablement la journée la plus occupée de sa carrière. Dans son message, elle avait ajouté que je devais croire en moi, que ce n’était pas tant une surprise que j’aie fini première. »
Une gestion de la pression « inimaginable »
La skieuse de Saint-Ferréol-les-Neiges espère participer à un autre évènement historique en fin de semaine à la Coupe du monde de Killington. Sur ses terres – elle a fait son secondaire au pensionnat Burke Mountain Academy, dans le nord du Vermont –, Shiffrin tentera de décrocher sa 100e victoire à seulement 29 ans.
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Mikaela Shiffrin
L’héroïne locale aura sa première chance samedi en slalom géant, discipline dans laquelle elle revendique 22 succès, mais aucun à Killington, où elle est néanmoins montée trois fois sur le podium.
Sinon, le slalom de dimanche, auquel St-Germain participera, lui paraît prédestiné. En sept départs entre les piquets serrés sur la piste Superstar, Shiffrin a levé les bras à six reprises, dont l’an dernier. Elle a également remporté les deux premiers slaloms de la saison à Levi et à Gurgl.
Pour sa part, St-Germain s’est respectivement classée 10e et 11e à ces mêmes épreuves en Finlande et en Autriche. Blessée à une cheville il y a un peu moins d’un an, elle est assez heureuse de sa progression depuis l’automne.
Après être passée à côté en première manche à Levi (27e), elle a rebondi pour inscrire le troisième temps de la seconde descente. À Gurgl, elle se dirigeait vers un solide résultat avant de commettre une erreur sur un virage.
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Laurence St-Germain lors du slalom de Gurgl, samedi dernier
La championne mondiale en titre est particulièrement satisfaite de ses amorces de courses, un point faible qu’elle souhaite corriger. En comparant son premier secteur à celui de Shiffrin, à l’aide d’un logiciel vidéo de juxtaposition, elle a constaté qu’elle n’était « pas super loin ».
« Shiffrin aussi a fait des erreurs pendant sa manche à Gurgl, mais c’est la façon dont elle compose avec ces erreurs-là, a-t-elle noté. Moi, au lieu de laisser aller les skis et d’avoir confiance que je pouvais revenir dans le tempo en un virage, ça en a duré trois ou quatre. Elle, ça lui a pris un virage. Elle est constante et forte mentalement. Sa capacité à gérer la pression est inimaginable. C’est pour ça qu’elle va sûrement avoir sa 100e victoire ici. »
À la recherche de son premier podium
Comme les joueurs de tennis qui ont évolué durant la glorieuse période du trio Federer-Nadal-Djokovic, Laurence St-Germain s’estime privilégiée de pratiquer son sport pendant l’ère Shiffrin.
« J’ai pu suivre son évolution dès le début parce que même au niveau Nor-Am [un circuit de développement], je me souviens qu’elle gagnait par des marges en secondes. »
L’athlète de Vail a été aussi précoce et dominante en Coupe du monde, montant sur son premier podium à 16 ans et signant sa première victoire un an plus tard.
La double médaillée d’or olympique et quintuple gagnante du grand globe de cristal couronnant la meilleure skieuse a vu la concurrence se rapprocher au fil des années.
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Laurence St-Germain
Tu te dis que si elle n’avait pas été là, plus de filles différentes auraient pu gagner, ou moi-même, j’aurais pu avoir plus de chances. Mais elle a aussi fait monter le niveau de tout le monde.
Laurence St-Germain, à propos de Mikaela Shiffrin
« Quand j’ai commencé en Coupe du monde, elle gagnait pratiquement par une ou deux secondes. L’écart s’est refermé. Elle était tellement en avant que tout le monde a dû augmenter son niveau pour essayer d’aller la chercher. »
Si Petra Vlhová, sa grande rivale slovaque, se remet d’une blessure, plusieurs vétéranes comme Wendy Holdener, Lena Dürr ou Sara Hector sont encore dans le coup. De plus jeunes commencent cependant à chauffer Shiffrin, à commencer par Lara Colturi, 18 ans. L’Italienne, qui représente l’Albanie, a fini deuxième, à une demi-seconde de l’Américaine à Gurgl, décrochant son premier podium.
À 30 ans, Laurence St-Germain est toujours à la recherche du sien après 70 départs en Coupe du monde.
« C’est toujours ce que je vise quand je descends. Je veux aller le plus vite possible. Mais je veux y croire davantage, que je suis capable de faire un podium. Je dois me mettre dans les meilleures dispositions pour y arriver. Je commence à skier très vite et de façon plus constante. »
Peut-elle réussir à Killington, sur une piste qui ne lui a jamais tout à fait souri ? « Ce n’est pas impossible, mais comme je le faisais remarquer, la concurrence est vraiment dense. Ça va prendre plus que seulement mes cartes à moi. »
Shiffrin ne fera pas de cadeau, mais elle serait probablement ravie d’être accompagnée par la championne mondiale canadienne sur un podium historique.
Au tour de Justine Lamontagne de briller
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La skieuse québécoise Justine Lamontagne devant la station de Killington, vendredi midi
Justine Lamontagne, qui s’élancera en slalom géant samedi, en est une autre qui souhaite être témoin de la 100e victoire de Shiffrin à Killington.
« J’ai le goût de voir ça, comme tout le monde du ski alpin », a-t-elle mentionné vendredi matin, à la veille de son cinquième départ en Coupe du monde.
À titre de spectatrice, elle avait assisté au premier triomphe de Shiffrin à la « Bête de l’Est » en 2016. L’adolescente de 14 ans avait accompagné ses parents et sa sœur pour suivre cette première Coupe du monde présentée dans le Nord-Est américain en presque un quart de siècle.
Huit ans après cette expérience inoubliable, ce sera à son tour de s’exécuter au même endroit devant famille et amis dispersés parmi les quelque 20 000 spectateurs attendus.
L’an dernier, elle avait obtenu une invitation pour s’aligner au slalom. Cette année, elle participera au géant à titre de membre à part entière de l’équipe canadienne. « J’ai fait toute ma préparation estivale avec elles. C’est un peu ça qui me manquait. Et ça me permet d’avoir une meilleure structure autour de moi. »
Son troisième rang au classement cumulatif de la spécialité en Coupe Nor-Am, l’hiver dernier, lui garantit un accès à tous les géants de la prochaine saison de Coupe du monde. « Je sens que j’ai ma place parce que j’ai gagné ce spot-là », a-t-elle noté. Elle regrette d’avoir échappé le même privilège en slalom parce qu’elle n’a pas réussi à terminer ses deux dernières courses de la saison en Nor-Am.
À la fin d’octobre, Lamontagne a découvert le traditionnel géant inaugural de Sölden, un endroit qui peut s’avérer intimidant pour une recrue.
« J’ai été un peu impressionnée », a admis l’étudiante de troisième année en génie environnemental à l’Université d’État du Montana. « Je n’ai pas nécessairement fait le ski que je voulais. Je veux me donner la meilleure chance d’y aller à fond, ne pas me retenir. »
Son souhait en 2024-2025 : atteindre la deuxième manche pour la première fois en Coupe du monde.
