(Montréal) Ç’a été dit quelques fois depuis mercredi : Samuel Montembeault est l’unique Québécois parmi les 23 joueurs d’Équipe Canada à la Confrontation des 4 nations.
Mis à jour hier à 23 h 47
Il appert que c’est également mince dans le personnel de l’équipe. Au fait, c’est le seul autre Québécois dont la présence a été annoncée, Julien BriseBois, qui a appelé Montembeault pour lui annoncer sa sélection.
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Ça se passait dimanche dernier. Les joueurs du Tricolore filaient vers l’aéroport, après une varlope de 6-3 à Boston. « On pouvait entendre une mouche voler dans l’autobus, a relaté Montembeault, après la victoire de 3-0 du CH, jeudi, contre les Predators de Nashville. Donc je n’ai pas répondu tout de suite, mais dès qu’on est débarqués, j’ai rappelé, c’était Julien BriseBois, qui m’annonçait la bonne nouvelle. »
C’est en sa qualité d’assistant DG de l’équipe nationale que BriseBois a appelé Montembeault. Les deux ont bien peu en commun. D’un côté, l’avocat élevé sur la Rive-Sud, qui a atteint la LNH sans avoir chaussé les patins à un haut niveau ; de l’autre, le gardien du Centre-du-Québec qui a joué au hockey toute sa vie. Ils n’ont jamais œuvré pour le même employeur en même temps ; chez le Canadien, ils se sont manqués de 11 ans.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Samuel Montembeault (35)
Mais BriseBois, habile communicateur qu’il est, a trouvé le filon qui les unit quand il a appelé Montembeault. Il lui a en effet rappelé leur dernière rencontre, que l’on devine quelque part en 2014-2015, « dans le bureau de Joël Bouchard à Boisbriand ». BriseBois était assistant DG du Lightning ; Montembeault, gardien de l’Armada, qui espérait être repêché dans la LNH.
« Il m’a dit : “Qui aurait cru que des années plus tard, je serais [assistant] DG d’Équipe Canada et toi, membre de l’équipe ? Si on nous avait dit ça dans le temps, on n’y aurait pas cru !” C’était une très belle annonce. »
Via le ballottage
Il est certes facile de le dire avec le recul, mais le parcours de BriseBois vers les plus hautes sphères du hockey était plus prévisible que celui de Montembeault.
BriseBois, jeune premier, a vite grimpé les échelons et travaillait pour une des meilleures équipes de la LNH ; et à ce niveau dans la hiérarchie, il est juste de dire qu’il contribue à en faire une des meilleures organisations. Il n’est pas qu’un passager.
Mais Montembeault, lui, tentait de gravir les échelons des Panthers de la Floride, alors une organisation qui tournait en rond depuis sa création. Quand ça s’est finalement mis à bien aller, il a été soumis au ballottage, puis réclamé par le Canadien, qui amorçait en octobre 2021 une subite descente aux enfers.
« D’arriver au ballottage, d’avoir connu l’année à trois gardiens, je suis très content d’où j’en suis maintenant », a-t-il lancé.
Des performances comme celle de jeudi nous rappellent où il en est. Malgré quelques sorties plus difficiles, il a signé son 3e jeu blanc en 19 départs cette saison. Il ne l’a pas volé. Selon Natural Stat Trick, les Predators ont généré 5,05 buts attendus, toutes situations confondues. Ça en dit long sur les pots cassés qu’il a réparés.
C’est que le Tricolore a connu une très pénible soirée à compter du milieu de la deuxième période. David Savard a alors écopé de la première de quatre pénalités en quelque 21 minutes de jeu des Montréalais. Malgré l’avance de 2-0 en troisième période, Martin St-Louis a dû lever le ton au banc pendant la première pause publicitaire. « Ce n’était pas une deuxième moitié facile à coacher », s’est limité à dire l’entraîneur-chef.
C’est là que Montembeault s’est transformé en effaceur magique, chevelure en plus. À la sirène finale, les joueurs semblaient particulièrement heureux de l’enlacer.
« C’est un gars très apprécié, un gars goofy, a détaillé David Savard. On a eu des moments plus difficiles et ça tombe beaucoup sur les épaules d’un gardien. Tu as l’impression que c’est sa faute. On joue finalement mieux devant lui et on lui donne une meilleure chance de bien jouer, et c’est le fun de voir qu’il fait les gros arrêts quand on en a besoin. »
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David Savard
Montembeault a maintenant deux mois pour faire réfléchir les décideurs d’Équipe Canada. Selon les habituels informateurs, il est vu dans le rôle de troisième gardien du pays, derrière Adin Hill et Jordan Binnington, et ce, même s’il affiche une meilleure efficacité (,906) que ses deux collègues, à respectivement,900 et,899.
Montembeault a toutefois pris plaisir à confondre les sceptiques depuis son arrivée à Montréal.
« Quand je suis parti de la Floride, des gens disaient que j’étais au mieux un gardien de la Ligue américaine. J’espère qu’après 3-4 ans, je leur ai fait changer d’idée. »
En hausse : Mike Matheson
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Mike Matheson
En l’absence surprise de Kaiden Guhle, qui était malade, il a pris les bouchées doubles, notamment en jouant 8 min 52 s en désavantage numérique et 28 min 17 s en tout.
En baisse : Kirby Dach
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Kirby Dach
Il a été cloué au banc après sa pénalité en troisième période et générait bien peu d’attaque avant ça.
Le chiffre du match : 165
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Patrik Laine
Le but de Patrik Laine était le premier du Canadien à 5 contre 3 depuis le 3 décembre 2022, une disette de 165 matchs. Toutes les autres équipes ont inscrit au moins un but dans ces circonstances pendant cette séquence ; le Wild en a même marqué 12 !
Dans le détail
Une rareté pour Savard
En sortant du banc des punitions, en deuxième période, Savard a pris tout le monde dans l’aréna par surprise en fonçant à sa ligne bleue pour y cueillir une rondelle libre avant de pivoter et de parcourir la moitié de la glace, fin seul, jusqu’au gardien adverse. Sa tentative de tir a finalement raté la cible par une marge appréciable. Le Québécois n’est pas réputé pour être une gazelle, mais Roman Josi était si fatigué qu’il ne l’a jamais rejoint. Dans le vestiaire, les coéquipiers de Savard se sont amusés en repensant au fil des évènements. « Je ne pouvais pas croire qu’il obtienne une échappée aussi nette, c’est le rêve de tous les gars au banc des punitions de partir comme ça en sortant », s’est exclamé Jake Evans. « Je vais lui parler, a ajouté Samuel Montembeault. Il aurait dû feindre un lancer et y aller du revers, personne ne se serait attendu à ça. » « Pas même lui », a suggéré le journaliste Arpon Basu, d’Athletic. « Ouais, il se serait peut-être déjoué lui-même ! », a répondu le gardien en éclatant de rire. Savard, pour sa part, a raconté que sa dernière échappée du genre remontait aux rangs juniors. « J’avais marqué, je vous le jure ! », a-t-il assuré.
Moins d’amour pour le trio de Dach
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Juraj Slafkovsky
Après avoir eu de bons mots mardi soir pour le nouveau trio composé de Kirby Dach, Juraj Slafkovsky et Patrik Laine, Martin St-Louis a été autrement plus sobre dans ses commentaires jeudi. « Il va falloir que je revoie le match. Ils ont eu des moments », a-t-il (très) brièvement affirmé. Comme nous l’avons déjà souligné dans cette rubrique, il s’agit du code plus très secret de l’entraîneur pour exprimer son mécontentement sans critiquer ses joueurs ouvertement après une rencontre. Quelques instants plus tôt, il avait néanmoins indiqué qu’à ses yeux, la pénalité pour coup de bâton dont avait écopé Dach en troisième période n’était « pas une bonne punition ». On l’avait un peu déduit, puisque le même Dach n’a plus joué du match à sa sortie du banc des punitions, soit pendant plus de 11 minutes. En réalité, toute cette unité a connu une soirée difficile ; selon le site Natural Stat Trick, les Predators ont eu l’avantage 7-1 au chapitre des chances de marquer de qualité lorsque le trio était sur la glace à cinq contre cinq. Et au total des deux derniers matchs, l’adversaire a contrôlé presque 90 % des buts anticipés. Pour les personnes qui ne seraient pas encore familières avec cette statistique, retenez ceci seulement : ce n’est pas très bon.
Mission accomplie pour L’Heureux
PHOTO GEORGE WALKER IV, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Zachary L’Heureux
Le Québécois Zachary L’Heureux disputait le premier match au Centre Bell de sa jeune carrière, et il n’a pas semblé intimidé le moins du monde. En première période, il a même été l’un des joueurs les plus visibles sur la glace, autant sur le plan hockey que dans son rôle d’agitateur. Il a successivement cherché à faire perdre patience à Brendan Gallagher et à Kirby Dach, mais c’est finalement Arber Xhekaj, en troisième période, qui a mordu à l’hameçon. Au cours d’une même séquence, le défenseur a servi deux doubles-échecs à son opposant, et le deuxième lui a valu deux minutes de réflexion au banc des punitions. L’Heureux, qui comptait sur l’appui de plus d’une centaine de parents et amis dans les estrades, a conclu sa soirée avec trois tirs cadrés, deux chances de marquer de qualité et deux mises en échec. Pas un vilain quart de travail, en somme.