Alors que le virage jeunesse a été l’un des thèmes phares depuis le début de la reconstruction du Canadien, le dosage de cette même jeunesse pourrait devenir l’un des enjeux de la prochaine phase.
Publié à 16 h 40
Si le Canadien se retrouve dans le portrait des séries éliminatoires à la mi-saison, c’est évidemment en raison de certains de ses plus jeunes éléments. Mais le scénario ne serait pas le même sans l’apport de vétérans, et ce, à toutes les positions.
Or, le visage de la formation pourrait changer considérablement au cours des prochains mois, alors que Jake Evans, Joel Armia, Christian Dvorak et David Savard deviendront joueurs autonomes sans compensation le 1er juillet prochain. On peut présumer que quelques-uns d’entre eux, voire les quatre, ne feront plus partie de l’équipe en 2025-2026. Mais voudra-t-on les remplacer systématiquement par de jeunes joueurs issus du système de développement de l’organisation ? Ou préférera-t-on assurer une certaine continuité en en retenant quelques-uns ?
La question sera forcément au cœur du travail de la direction d’ici à la date limite des transactions, le 7 mars, et encore pendant la saison morte.
En point de presse, mercredi, le directeur général Kent Hughes a parlé de la recherche d’un « équilibre » dans ce département. L’ajout récent d’Alexandre Carrier en défense en a fait la démonstration. Dans la tempête des premières semaines de la saison, l’inexpérience du groupe a été lourdement mise à l’épreuve – Kaiden Guhle, Arber Xhekaj et Justin Barron disputent leur troisième saison dans la LNH, Jayden Struble, sa deuxième, et Lane Hutson, sa première.
Dans ce contexte, le DG a senti que ces jeunes arrières avaient besoin d’« aide pour gérer ces moments difficiles ». En acquérant Carrier des Predators de Nashville en retour de Barron, il a donc ajouté de l’« expérience » à sa ligne bleue. Cela, croit-il, bénéficiera au « développement » de tout le groupe.
Le grand gagnant de cette opération est jusqu’ici Kaiden Guhle. En début de campagne, surtout lorsqu’il était employé à droite, le numéro 21 peinait à trouver son erre d’aller. Depuis qu’on lui a adjoint son nouveau partenaire, il est un roc pour son club.
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Kaiden Guhle
« On a vu son jeu monter avec l’arrivée d’Alex », a analysé Kent Hughes, ajoutant qu’il relevait de son travail de trouver le bon moment pour ajuster cet équilibre. À plus forte raison alors que l’attaquant Ivan Demidov, sans conteste l’espoir le plus prometteur de l’organisation, s’apprête à faire ses débuts nord-américains en octobre 2025.
Flexibilité
Le gestionnaire a insisté sur l’importance, pour son administration, de demeurer « flexible » à cet égard. Il ne semble pas dans ses intentions de remplir sa formation de joueurs recrues la saison prochaine.
Cela étant, il ne ferme la porte à aucune expérience, notamment en raison des succès de Lane Hutson au cours des premiers mois de sa carrière professionnelle.
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Lane Hutson
Arrivé des rangs universitaires, le défenseur de petit gabarit avait la lourde tâche de démontrer qu’il pouvait non seulement survivre dans la LNH, mais aussi y transposer son potentiel offensif, son principal atout.
Jusqu’ici, la mission est on ne peut plus accomplie. Avec 30 points en 40 matchs, il est le septième pointeur de tous les défenseurs de la ligue, et il trône en tête des recrues du circuit, toutes positions confondues.
Si quelqu’un arrive et est prêt à jouer, on ne va pas l’en empêcher juste parce qu’il est jeune. Il y a un équilibre [entre jeunes et vétérans] qu’on vise en théorie, mais on reste flexibles au cas par cas.
Kent Hughes, directeur général du Canadien
Toutes ces considérations, nous l’évoquions plus haut, tournent les projecteurs sur les futurs joueurs autonomes du Tricolore. En particulier sur le cas de Jake Evans.
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Jake Evans
Le joueur de centre de 28 ans connaît une saison du tonnerre, avec déjà 23 points, dont 10 buts, en 40 matchs. À moins d’une blessure, ses sommets personnels de 13 buts et 29 points tomberont au cours des prochaines semaines. Différents médias ont rapporté que des « discussions » entre son camp et le CH avaient eu lieu, mais personne n’a fait état de négociations formelles en vue d’un nouveau contrat. Kent Hughes n’a pas souhaité donner plus d’information aux médias à ce sujet mercredi.
Ce dossier illustre bien le dilemme auquel fait face la Flanelle. Voudra-t-on s’engager à long terme avec un joueur qui aura 29 ans en juin prochain et qui désirera certainement une augmentation salariale, mais qui donne un coup de main immédiat à l’équipe ? Ou croit-on être en mesure de le remplacer à l’interne, par exemple avec Owen Beck, qui connaît une formidable saison dans la Ligue américaine ?
« Il reste 22 matchs avant la date limite des transactions, a répété Kent Hughes. On ne va précipiter aucune décision. »