Artur Beteriev et son entraîneur Marc Ramsay ont réalisé ce qui n’avait jamais été fait au Québec : devenir champion unifié. Cet exploit est le fait d’armes d’une année 2024 ponctuée d’excellents combats, mais aussi de quelques déceptions sur la scène de la boxe québécoise.
Publié hier à 20 h 23
Frédéric Daigle
La Presse Canadienne
Beterbiev a difficilement raison de Bivol
Après un combat âprement disputé, Artur Beterbiev (21-0, 20 K.-O.) a finalement atteint l’objectif qu’il s’était fixé il y a plusieurs années, soit d’unifier toutes les ceintures de champion des mi-lourds.
C’est Dmitrii Bivol (23-1, 12 K.-O.) qui détenait la ceinture de la World Boxing Association (WBA) et, accessoirement, celle moins convoitée de l’International Boxing Organization (IBO).
Pour la première fois de sa carrière, Beterbiev n’a pas été en mesure de passer le K.-O. à son adversaire. Au terme de ce combat très serré disputé à Riyad, en Arabie saoudite, Beterbiev a obtenu la faveur de deux des trois juges pour signer la victoire par décision majoritaire.
L’un des meilleurs – le meilleur ? – combats de l’année ne pouvait pas ne pas donner lieu à une suite : les deux hommes recroiseront le fer le 22 février, toujours au Moyen-Orient.
Les super-moyens d’EOTTM toujours pris dans l’antichambre
Eye of the Tiger Management (EOTTM) dispose de trois super-moyens qui frappent aux portes d’un championnat du monde, mais ils sont toujours confinés à l’antichambre. Les dernières nouvelles laissent croire que ça changera en 2025.
Christian Mbilli (28-0, 23 K.-O.), Erik Bazinyan (32-1-1, 23 K.-O.) et Osleys Iglesias (13-0, 12 K.-O.) – champion en titre de l’IBO – attendent tous l’appel des champions en titre des quatre organismes principaux. Le WBC venait d’ordonner la tenue d’un combat entre Mbilli et Jaime Munguia (44-1, 35 K.-O.) pour le titre intérimaire, selon ce qu’a annoncé le promoteur sur ses réseaux sociaux le 11 décembre dernier. Trois jours plus tard, Munguia s’est fait passer une K.-O. surprise par un boxeur non classé, le Français Bruno Surace (26-0-2, 5 K.-O.). Ce scénario pourrait donc tomber à l’eau.
Mbilli est classé aspirant no 1 au WBC et à la WBA, no 2 à la WBO et no 3 à l’IBF. Munguia pointe pour l’instant au deuxième échelon du WBC, une ceinture qui appartient toujours à Saul « Canelo » Alvarez.
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Christian Mbilli
Le boxeur français d’origine camerounaise âgé de 29 ans a signé trois brillantes victoires en 2024, la dernière par décision unanime contre Sergiy Derevyanchenko dans un Centre Vidéotron survolté en août.
Iglesias (no 4 WBC, no 7 IBF) a aussi bien fait cette année, avec quatre victoires, dont deux défenses de titre. Le Cubain établi en Allemagne a une fois de plus démontré toute sa puissance, ne livrant que neuf rounds de boxe, dont cinq à sa dernière sortie, contre Petro Ivanov.
Bazinyan est celui qui a perdu le plus en 2024. Son nul contre Shakeel Phinn dans un combat très local lui a tout de même ouvert la porte pour un lucratif affrontement face à Munguia. Sa défaite par K.-O. au 10e round entre dans la catégorie des défaites honorables, mais elle l’a tout de même fait glisser dans les classements. Celui qui faisait partie du top -5 des quatre organismes vient maintenant au 10e rang de l’IBF et de la WBO, et au 12e du WBC.
Croisée des chemins pour Butler
Justement, EOTTM a annoncé que Bazinyan serait confronté à Steven Butler (35-5-1, 29 K.-O.) en mars.
Butler a signé deux victoires faciles contre des adversaires de second ordre, mais a perdu son unique vrai test de 2024, s’inclinant par K.-O. technique au neuvième round devant Patrice Volny pour le titre WBC Francophone.
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Steven Butler
Le pugiliste de 29 ans, qui est disparu des classements mondiaux, n’a pas réussi à se faire valoir dans les deux combats de championnat du monde qu’il a livrés ces dernières années. Une victoire contre Bazinyan relancerait assurément sa carrière.
Pour « Baz », ce combat contre Butler en est un qu’il n’aurait pas le droit d’échapper s’il veut relancer son ascension des divers classements mondiaux.
Spencer mène la délégation féminine
Chez les dames, le Québec compte une nouvelle championne en Mary Spencer (9-2, 6 K.-O.).
La Montréalaise âgée de 39 ans a vaincu par décision unanime Naomi Mannes pour le titre des super-mi-moyennes de la WBA, alors intérimaire, en septembre. L’organisme a par la suite confirmé Spencer comme championne régulière quand Terri Harper a renoncé à sa ceinture.
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Mary Spencer
On ne sait pas quand Spencer défendra pour la première fois son titre, acquis après deux tentatives infructueuses contre la Belge Femke Hermans. On peut présumer que Mannes voudra obtenir une seconde chance, puisque leur premier combat a été excessivement serré.
Tammara Thibeault (1-0) fait maintenant partie de ce paysage. La Québécoise a tourné la page de façon définitive sur sa déception vécue aux Jeux olympiques de Paris en signant un lucratif contrat avec le promoteur Jake Paul et son groupe, Most Valuable Promotions.
La Québécoise, l’une des favorites pour remporter le tournoi des 75 kg à Paris, a été surprise dès son premier affrontement, s’inclinant par décision partagée devant Cindy Winner Djankeu Ngamba, de l’équipe olympique des réfugiés.
Avec MVP, Thibeault devrait se battre un minimum de quatre fois par année pour les trois ans que durera le contrat.
Énième retour de Pascal
Une année de boxe au Québec ne peut avoir lieu sans que Jean Pascal (37-7-1, 21 K.-O.) n’effectue un retour dans le ring.
Cette fois, le vétéran de 42 ans a livré son combat de l’année en septembre face à Terry Osias, qu’il a surpris au 10e round, lui passant le K.-O. pour se sauver avec une victoire qu’il n’aurait fort probablement pas obtenue si une décision avait été nécessaire.
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Jean Pascal a mis Terry Osias K.-O. au 10e round de leur combat en septembre
Ce combat, livré chez les lourds-légers et mis en scène par New Era, maintenant troisième joueur sur l’échiquier de la boxe au Québec, avait pour objectif de placer le vainqueur sur les rangs pour un combat de championnat du monde ou à tout le moins un combat éliminatoire contre le Néo-Écossais Ryan Rozicki (20-1-1, 19 K.-O.).
Ce dernier a toutefois raté sa dernière sortie, livrant un nul majoritaire à Yamil Alberto Peralta au début de décembre pour le titre intérimaire du WBC.
Pascal n’a rien annoncé depuis sa victoire en septembre. Comme c’est une division de poids où le plateau est plus réduit, il ne faudrait toutefois pas se surprendre si une offre pour un titre survenait rapidement.
GYM toujours en reconstruction
Groupe Yvon Michel a poursuivi sa reconstruction en 2024. Ses têtes d’affiche, Kim Clavel (20-2, 3 K.-O.), Marie-Pier Houle (11-1-2, 3 K.-O.) et Mazlum Akdeniz (20-0, 8 K.-O.), sont demeurées invaincues en sept combats en 2024 (6-0-1, 1 K.-O.), mais il est difficile de dire si elles se sont approchées de leur objectif d’ajouter une ceinture à leur palmarès.
Le président de GYM, Yvon Michel, n’a cessé de répéter qu’une ceinture n’était pas essentielle à la progression de ses boxeurs. C’est vrai dans le cas de Clavel et de Houle, qui figurent toutes deux dans les classements mondiaux. Akdeniz semblerait toutefois avoir besoin de ce coup de pouce pour percer le top -15 des différentes organisations.
Quoi qu’il en soit, après une année moins faste au cours de laquelle il a dû purger une suspension de neuf mois après avoir contesté une décision à la fin de 2023, Michel promet une année 2025 plus faste.
Le promoteur aura besoin de plus de galas afin de mettre en évidence ses jeunes boxeurs à l’essai. On devrait également assister aux débuts du poids lourd Alexis Barrière avec l’organisation, lorsque le délai de premier refus de son ex-promoteur, New Era, sera écoulé.
Si plusieurs avaient enterré GYM en début de 2024, il semble que le promoteur sera de nouveau en mesure de rebondir l’année prochaine.