Après une seule saison en dents de scie avec le CF Montréal, l’Uruguayen Matías Cóccaro a été prêté jusqu’à la fin de 2025 au club mexicain Atlas FC, en Liga MX.
Publié à 9 h 09
Mis à jour à 9 h 22
L’entente pour Cóccaro inclut une redevance non dévoilée au CF Montréal pour le prêt, ainsi qu’une option d’achat à sa conclusion.
Son contrat avec Montréal est encore valide pour deux ans, en plus de deux années d’option.
Mais déjà en fin de saison dernière, on sentait qu’un divorce prématuré était dans les cartes.
L’image nous reste en tête. Matías Cóccaro, écarté de la formation du CF Montréal pour ce qui sera son seul match des séries, faisant les cent pas devant la galerie de presse du stade Saputo pendant que son équipe se démène sur le terrain.
À la gauche des journalistes, debout, tendu, le président Gabriel Gervais, qui observe le match contre Atlanta et, sans aucun doute, le spectacle offert par son attaquant en chemise et veston.
D’un côté, on se dit que Cóccaro est en train de démontrer, à sa façon, la passion qui l’anime envers son équipe, malgré ses propres déboires. De l’autre, en discutant avec le confrère Nicolas Landry de RDS, un certain scepticisme s’installe en nous. Cóccaro tente-t-il, par des moyens un peu burlesques devant son président, de racheter la bévue qui l’a fait être laissé de côté par son entraîneur Laurent Courtois pour les deux derniers matchs du CFM ?
PHOTO LINDSEY WASSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Matías Cóccaro en avril
On a eu un autre indice de l’avenir incertain du joueur avec le club, en décembre, quand Cóccaro n’a pas été protégé en vue du repêchage d’expansion prévu pour l’arrivée du San Diego FC en MLS.
Indiscipline et manque de professionnalisme
Cóccaro a été une acquisition de l’ancienne direction sportive, pilotée par Olivier Renard. Avant la saison 2024, on vantait sa grinta, son ardeur sur le terrain, sa capacité à flairer l’occasion du but. Avec son charisme naturel, on le voyait devenir une vedette à Montréal.
Et son parcours en MLS a bien commencé, enfilant trois buts dans les quatre premiers matchs. Ça s’est gâté par la suite. La plupart du temps, Cóccaro semblait courir un peu n’importe comment à l’avant, isolé du reste du jeu, empreint d’une folie tannante pour l’adversaire, mais peu utile à son équipe.
Il n’aura marqué que deux autres buts au fil de ses 21 autres apparitions, dont un en Coupe des ligues contre San Luis. Bien sûr, une blessure au genou l’a fait rater neuf matchs consécutifs, d’avril à juin. Mais ensuite, son indiscipline à l’entraînement a été un facteur atténuant dans sa relation avec le club, qui a également déploré un manque de professionnalisme.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Matías Cóccaro tout sourire lors du lancement de la saison du CF Montréal.
Au bilan de fin de saison, Gabriel Gervais a été interrogé sur l’absence de Matías Cóccaro de la feuille de match lors des deux derniers matchs, les plus importants de la saison du CFM. Il s’agissait quand même de l’un des joueurs les mieux payés de l’effectif.
« Je ne vais pas parler des choses privées ou confidentielles qui se passent ici entre les murs, avait souligné le président. […] Si Matías Cóccaro ou quelqu’un d’autre était dans les estrades, c’est parce qu’il ne méritait pas d’être sur le terrain. »
« Je m’attends à plus de Matías Cóccaro, avait-il ensuite ajouté. Beaucoup, beaucoup plus. »
Des leçons pour le CFM aussi
Cóccaro doit évidemment prendre sa part du blâme dans cet échec à sa première saison en MLS. Mais il y a aussi une leçon à apprendre du côté du CF Montréal.
Dans une entrevue avec La Presse réalisée en Floride avant le match contre l’Inter Miami, en mars 2024, l’Uruguayen nous expliquait venir de rien, avoir été dans des clubs où il « s’entraînait dans des parcs avec [ses] propres vêtements ».
« L’argent qu’on gagnait ne suffisait pas à acheter des chaussures. Il fallait travailler [ailleurs], disait-il. Quand on a tout, on doit être reconnaissant. »
Sa nouvelle vie très confortable à Montréal, c’était une découverte complète. « Ici, c’est comme être à Disney », nous disait-il.
Cóccaro ne parlait pas un mot de français ni d’anglais. La barrière de la langue a été un frein important dans une adaptation qui ne s’est jamais vraiment faite.
Son départ, jumelé à celui de l’as marqueur Josef Martínez, signifie donc que le CF Montréal devra leur trouver un ou des remplaçants. Si le Bleu-blanc-noir va puiser dans une source semblable, il lui faudra s’assurer d’avoir une structure en place pour aider leurs recrues à atterrir sur leurs pieds à Montréal, dans le but de s’y épanouir. Pour le bien du joueur et du club.