Le compte à rebours est lancé, mais la RDC semble courir vers un énième fiasco logistique. À moins de trois semaines du coup d’envoi du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), prévu au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, l’équipe nationale locale des Léopards A’ n’a toujours pas entamé sa préparation. Une situation inquiétante qui rappelle les souvenirs douloureux de 2023, lorsque les Congolais avaient quitté prématurément le tournoi en Algérie après une participation chaotique, marquée par un manque criant d’organisation.
Aucune trace d’un programme officiel
Le constat est amer : aucun programme officiel de préparation n’a été communiqué par la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA) ni par les autorités sportives à ce jour. Alors que le sélectionneur Otis Ngoma avait élaboré un plan de stage censé rassembler une trentaine de joueurs présélectionnés, rien n’a encore été enclenché. Ni convocation, ni regroupement, encore moins un match de préparation à l’horizon.
Cette situation surprend d’autant plus que le CHAN, qui ne concerne que les joueurs évoluant dans les championnats locaux, représente une rare opportunité pour les talents congolais d’exprimer leur potentiel sur la scène continentale. Et pour un pays double champion de la compétition (2009 et 2016), cette désorganisation soulève de nombreuses interrogations.
Des joueurs livrés à eux-mêmes
Contactés par Footrdc, plusieurs joueurs présélectionnés ont confirmé qu’aucun regroupement n’a encore été lancé. Plus inquiétant encore : selon nos sources proches du vestiaire, le sélectionneur Otis Ngoma leur aurait demandé de débuter une préparation individuelle, faute de mieux. « On nous a dit de nous entraîner seuls, de rester en forme. Mais on ne sait pas quand ni où le stage va commencer », confie l’un d’eux sous anonymat. Nombreux sont ceux qui s’entraînent à l’académie Les Aigles du Congo, dans l’enceinte du stade Tata Raphaël.
Une aberration quand on sait que les autres nations qualifiées, comme le Maroc, la Côte d’Ivoire ou encore la Zambie, ont déjà entamé leur préparation avec des regroupements, des stages à l’étranger et des matchs amicaux au programme.
Un remake de 2023 ?
Cette situation n’est pas sans rappeler la débâcle de 2023 en Algérie. Lors de la dernière édition du CHAN, les Léopards A’ avaient affiché un niveau inquiétant, conséquence directe d’une préparation bâclée. Manque de cohésion, absence de rythme, organisation déficiente… la RDC avait quitté la compétition dès le premier tour, dans une ambiance tendue et marquée par les frustrations internes.
Aujourd’hui, tous les signaux semblent indiquer que le scénario est en train de se répéter, malgré les multiples promesses de « tirer les leçons du passé ». L’absence de coordination entre la FECOFA, le ministère des Sports et le staff technique semble freiner toute initiative de mise en œuvre du programme prévu par Otis Ngoma.
Qui est responsable ?
Le staff technique semble désarmé, faute de moyens logistiques et financiers mis à sa disposition. Le ministère des Sports, qui aurait dû activer le processus de mise en stage depuis plusieurs semaines, reste silencieux. Selon nos sources, aucun programme de stage n’est arrivé sur la table du ministère. Quant à la FECOFA, actuellement en période de transition vers une nouvelle gouvernance, elle peine à assumer son rôle de coordination entre les différentes parties.
Des arriérés non payés
À cela s’ajoute un problème tout aussi préoccupant : les joueurs et le staff technique accumulent plusieurs mois d’arriérés non payés. De sources concordantes, les primes liées au stage de novembre dernier, au stage international de Dubaï ainsi qu’à la qualification pour le CHAN n’ont toujours pas été versées. Même le staff technique, dirigé par Otis Ngoma, n’aurait pas reçu l’intégralité de ses salaires depuis plusieurs mois.
Un joueur résume la frustration ambiante : « On nous demande de mouiller le maillot, mais jusqu’à présent, on n’a même pas reçu ce qui nous revient depuis des mois. »
Et d’ajouter : « Prenez l’exemple de Mungomba Zito, ancien joueur de Renaissance. Jusqu’aujourd’hui, on lui doit encore de l’argent. Pendant ce temps, Chancel Mbemba, qui est en Europe et qui a déjà tout dans sa carrière, est payé jusqu’au dernier centime dès qu’il vient en sélection. C’est quoi le message qu’on envoie aux jeunes joueurs du pays ? Que la sélection nationale n’est faite que pour ceux qui ont déjà réussi ailleurs ? »
JMM