(Laval) Avec 10 secondes à écouler en prolongation, Marie-Philip Poulin s’est retrouvée en échappée ; elle a raté. En tirs de barrage, elle a été la première à s’élancer ; elle a raté une deuxième fois. À ce moment-là, l’entraîneuse-chef, Kori Cheverie, a fait un « calcul rapide » : « Elle n’en ratera pas trois d’affilée », a-t-elle pensé. Et elle avait raison.
Mis à jour hier à 22 h 32
Aucune des huit joueuses montréalaises et ottaviennes n’avait encore réussi à marquer quand Poulin s’est élancée à nouveau. « Poulin, Poulin, Poulin ! », a scandé la foule. La numéro 29 a tenté une manœuvre différente cette fois, coupant de son côté fort avant de décocher un tir bas.
Comme le voulait la logique de Cheverie, elle a marqué. Et la Place Bell a explosé. Ann-Renée Desbiens a freiné Katerina Mrazova par la suite, permettant à la Victoire de l’emporter par la marque de 4-3.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Ann-Renée Desbiens (35)
« C’est ça, le hockey. Parfois, il faut juste s’ajuster. La troisième fois, j’ai changé un petit peu [ma façon de faire] et ç’a rentré », a simplement expliqué une Poulin tout sourire après la rencontre.
« Première, deuxième, dixième [tentative]… Il y a toujours de la pression », a ajouté celle qui a encore une fois rendu justice à son surnom de Capitaine Clutch. « C’était juste de prendre une grande respiration et d’aller de l’avant. À chaque entraînement, tu fais des répétitions de plus pour ces moments-là. Ça ne va pas toujours rentrer, mais quand le bon moment arrive, t’es prête. »
« Une belle histoire »
On ne retiendra pas de ce match que le but gagnant de Marie-Philip Poulin.
« Je suis fière du caractère de l’équipe ce soir », a dit Kori Cheverie, en français, en s’installant devant les médias après le match.
La troupe montréalaise a en effet démontré un caractère et une résilience à toute épreuve dans cette première rencontre de la saison, qui avait des allures de gros party à la Place Bell, nouveau domicile de l’équipe.
En première période, malgré 19 tirs au but pour Montréal et 9 pour Ottawa, ce sont les visiteuses qui ont pris les devants 1-0. Celles-ci ont doublé leur avance dès le début de la deuxième période.
Les deux buts ont été le fruit de bonds désavantageux pour la Victoire ; sur le premier, Abby Boreen a fait glisser la rondelle dans le filet en voulant la sortir du cercle d’Ann-Renée Desbiens, et sur le deuxième, la rondelle a touché le patin de Kati Tabin avant de traverser la ligne rouge.
C’est là que le caractère dont parlait Cheverie est entré en jeu.
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L’entraîneuse en chef de la Victoire de Montréal, Kori Cheverie (centre)
« Honnêtement, je pense que vous n’auriez même pas pu deviner qu’on tirait de l’arrière par deux buts, si on se fie à comment on agissait sur le banc », a relaté Erin Ambrose, qui a passé plus de 24 minutes sur la patinoire.
Comme de fait, quelques minutes plus tard, Boreen a réduit l’écart d’un puissant tir des poignets dans le haut du filet, inscrivant ainsi le tout premier but de la saison de la Victoire. Il fallait voir le sourire de l’attaquante sur le banc ; Kori Cheverie, presque aussi heureuse que sa joueuse, l’a prise dans ses bras.
« C’est une belle histoire », a dit Cheverie au sujet de l’attaquante. « Nous nous sommes fait un câlin après son but ; je n’avais pas prévu ça, mais j’étais tellement contente pour elle parce que je sais que c’était difficile pour elle de quitter [le Minnesota]. »
Boreen, qui a remporté la Coupe Walter avec le Frost du Minnesota la saison dernière, a été une des joueuses les plus visibles dans la Victoire. On l’a vue tantôt y aller d’une montée individuelle avant de toucher le poteau, tantôt se replier pour couper une passe adverse.
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Abby Boreen (24)
« On niaisait dans le vestiaire [en disant] qu’il fallait qu’elle marque le premier parce qu’elle a mis le premier dans notre but, a raconté Poulin en souriant. Après son but, son sourire [voulait tout dire]. Tout le banc a crié. On savait qu’elle le méritait. »
Résilience et détermination
Ce but a été l’élément déclencheur dont avait besoin la Victoire pour rebondir. En milieu de deuxième période, Laura Stacey a envoyé un boulet de canon en direction de la gardienne Emerance Maschmeyer, qui n’a rien vu, comme tout le monde d’ailleurs.
« Son tir est mortel, a lâché Cheverie. C’est effrayant. […] On ne pouvait pas demander un tir plus parfait. »
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Laura Stacey (7)
En troisième période, Ottawa a pris les devants de nouveau avant que Montréal ne rattrape encore ses adversaires, cette fois par l’entremise de Jennifer Gardiner – une autre nouvelle joueuse. Puis Capitaine Clutch s’est chargée de boucler la remontée en tirs de barrage.
« Je pense que [ce match] démontre notre résilience, notre détermination, a fait valoir Poulin. C’est un groupe talentueux, mais il a du cœur. […] La façon dont on a réagi en tant que groupe, pour moi, c’est un très beau début. »
Pour une équipe qui « essaie encore de comprendre comment [elle veut] jouer », dixit Kori Cheverie, cette première performance n’était pas mal du tout.