
Si le Canadien avait amorcé sa saison le 1er janvier 2025, il aurait aujourd’hui une fiche gagnante de 7-3-2 et serait confortablement installé dans le premier tiers du classement de la LNH.
Mis à jour à 0 h 08
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Il n’empêche que si ces 12 matchs avaient été les premiers de la campagne, quelques drapeaux rouges auraient été identifiés. Et certains d’entre eux auraient été particulièrement visibles dans la défaite de 4-3 en prolongation, samedi, aux mains des Devils du New Jersey.
On pourrait parler du jeu défensif à cinq contre cinq dont le vernis craque, et qui a été particulièrement relâché au cours des cinq dernières rencontres. D’une autre première période conclue en retard au chapitre des buts et des tirs. D’une remontée certes bienvenue, mais rendue nécessaire, encore une fois, par un faux départ. Aussi d’une sixième prolongation en 12 matchs.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE
Jakub Dobeš (75) et Jack Hughes (86)
D’une manière plus globale, on identifierait probablement aussi l’avantage numérique qui tourne au ralenti et le faible nombre de victoires acquises en temps réglementaire (3).
Si la saison commençait, donc, on aborderait avec prudence les points au classement accumulés dans l’intervalle. Car la manière de les amasser témoigne d’une évidente précarité, surtout au cours de la dernière semaine.
PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS
Cole Caufield (13), Jake Allen (34), Luke Hughes (43) et Brett Pesce (22)
Or, comme le Tricolore a en réalité disputé son 49e match de la campagne, et après l’avoir vu jouer avec tellement d’aplomb et de confiance dans un passé récent, on n’en fera pas tout un plat. La baisse de régime, toutefois, est bien réelle.
« Récemment, on n’a pas été au point, a reconnu Nick Suzuki en fin de soirée. On est plus brouillons en zone défensive. On en parle beaucoup. »
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Nick Suzuki (14) et Cole Caufield (13)
« On ne peut pas disputer 82 matchs parfaits, a nuancé Juraj Slafkovsky. Mais oui, c’est plus difficile [depuis quelque temps]. On sait quoi faire, parfois c’est seulement de jouer plus simplement. Mais on a toutes les réponses. On doit les mettre en pratique. »
Fatigue
La chose a été nommée et documentée au cours des derniers jours : le Canadien est une équipe qui voyage beaucoup et qui s’entraîne peu depuis le début de la nouvelle année. On ne peut donc en faire abstraction en voyant l’exécution faire défaut et l’usure se faire sentir.
Profitant d’une journée de congé ce dimanche, le Tricolore retournera au travail lundi en tenant un rare entraînement complet avant d’affronter deux adversaires corsés à domicile et de partir pour un voyage éprouvant sur la côte ouest.
« Au cours de la dernière semaine, on n’a peut-être pas joué à la hauteur de nos standards, a admis l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Mais on a réussi à aller chercher trois points en trois matchs. C’est peut-être moins que les semaines [précédentes], mais les gars se sont battus pour ces points. »
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Alex Newhook (15), Luke Hughes (43) et Jake Allen (34)
Le pilote n’a pas fait mine d’ignorer les lacunes défensives de son club. « Tu ne peux pas donner autant de chances [de marquer] et penser aller chercher des points, a-t-il illustré. Notre horaire va nous donner plus d’entraînements dans les prochaines semaines. C’est une chose sur laquelle on va travailler. »
Cela étant, bien que les principaux joueurs défensifs paraissent essoufflés – c’est particulièrement difficile pour le duo de Lane Hutson et Mike Matheson –, l’engagement du groupe est manifeste. Une séquence de cinq tirs bloqués en l’espace de 20 secondes, en troisième période, en a constitué un exemple magistral. Et les 32 tirs bloqués de samedi ont écrasé le précédent sommet du CH cette saison (25).
« Les gars se lançaient devant la rondelle comme si on était en finale de la Coupe Stanley !, s’est exclamé Alexandre Carrier en riant. [Les Devils] ont eu pas mal de chances, on l’a tous vu. Mais [les joueurs du CH] se sont sacrifiés. C’est important de voir ça. Il y a quelques erreurs défensives à enlever de notre jeu et ça va être correct. »
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Luke Hughes (43) et Alex Newhook (15)
Le mystère semble toutefois complet par rapport aux mauvais débuts de rencontres. Comment les expliquer ? « C’est une bonne question », a reconnu Carrier. « Je ne sais pas », a soufflé Martin St-Louis. Le problème est toutefois réel : au cours des trois derniers matchs, la Flanelle a été dominée 40-15 au rayon des tirs au but. Et elle a vu ses adversaires s’approprier des avances de 2-0, 3-0 et 2-0 avant d’elle-même s’inscrire au pointage.
Insistons : que le Canadien soit premier de la ligue, depuis 12 matchs, pour les victoires acquises après avoir tiré de l’arrière après une et deux périodes témoigne sans conteste de sa combativité. Néanmoins, il joue avec le feu.
Qu’à cela ne tienne, on l’a vu redresser la barre d’un navire autrement plus en déroute en début de campagne. Même si l’ajustement à apporter est sérieux, il n’a aucune commune mesure avec le virage complet qui s’est observé après le premier quart de la saison.
Les Montréalais doivent en réalité revenir au standard qu’ils se sont eux-mêmes imposé. Ça peut sembler une tâche ambitieuse. Mais si la présente saison nous a appris une chose, c’est que ce n’est pas infaisable.
En hausse
Michael Pezzetta
On ne trouvera jamais de meilleure définition d’un joueur en hausse. Non seulement a-t-il disputé un match très honnête, mais il a aussi obtenu neuf présences et passé sept minutes sur la glace, deux sommets en neuf matchs dans son cas.
En baisse
Joel Armia
Les Devils ont eu l’avantage 14-1 lorsque le Finlandais était sur la glace à 5 contre 5. La confrontation entre son trio et celui de Nico Hischier avait des allures de catastrophe en première période.
Le chiffre du match
50
En ajoutant trois points à sa fiche, Nick Suzuki a atteint le seuil des 50 pour la quatrième fois de sa carrière. À son 49e match de la saison, il s’agit par ailleurs de sa récolte la plus rapide à ce jour.
Dans le détail
Quand Allen cite St-Louis et complimente Dobeš
Les expressions de Martin St-Louis sont souvent reprises ici et là, mais par un joueur adverse, c’est probablement une première. Après le match, Jake Allen s’est permis de citer son ancien entraîneur, alors qu’on l’interrogeait sur l’absence de son partenaire devant le filet des Devils, Jacob Markström, écarté quatre à six semaines par une blessure. « Je vais citer Martin St-Louis : “La ligue s’en fout.” Et il avait raison là-dessus. C’est vrai et toutes les équipes vont perdre un joueur important en cours de route », a résumé Allen. Le Néo-Brunswickois a réussi son retour en menant les siens à la victoire, sa deuxième à ses huit derniers matchs. « J’ai passé quatre ans ici, quatre années spéciales, ma femme et moi nous sommes fait plein d’amis », a-t-il déclaré dans le vestiaire des vainqueurs. Allen a par ailleurs été élogieux envers Jakub Dobeš. « Ça fait longtemps que j’entends parler de lui. Il a le gabarit, la mobilité, il a tous les outils. C’est excitant pour l’organisation », a indiqué Allen, avant d’ajouter que Dobeš lui rappelait un certain… Carey Price. Avant de partir en peur, sachez que les points communs qu’il a cités sont « son style, son gabarit et la façon dont il porte son équipement ».
Hischier complique la donne
L’entraîneur-chef des Devils, Sheldon Keefe, devait gérer toute une logistique samedi. Son meilleur centre aux mises en jeu, Erik Haula, était blessé. Son centre qui joue le plus de minutes, Jack Hughes, ne pouvait pas prendre de mises en jeu en raison d’une blessure à une main. Alors quand Nico Hischier est tombé au combat, il a dû se débrouiller avec Justin Dowling et Curtis Lazar comme seuls centres. Paul Cotter (2 en 7) et Dawson Mercer (5 en 12) ont donc dû le dépanner. Ondrej Palat a quant à lui été appelé en mission deux fois, et c’est sur une de ses mises en jeu perdues qu’Alexandre Carrier a inscrit le but égalisateur. En prolongation, quand un autre ailier, Stefan Noesen, a été chassé d’une mise en jeu, c’est un défenseur, Luke Hughes, qui a dû venir en relève, parce que Jack Hughes était le seul autre joueur sur la patinoire. Avec le résultat que vous pouvez imaginer. « C’est pourquoi ce genre de match est un combat », a philosophé Keefe.
Carrier brise la glace
Alexandre Carrier a profité de ce match pour inscrire son tout premier but dans l’uniforme du Canadien. « C’était vraiment un beau moment, a confié le défenseur. J’ai parlé avec Félix Séguin avant le match, il m’a dit : “D’après moi, tu vas scorer ce soir.” Il va devoir me le dire plus souvent ! Ç’aurait été plaisant de chercher un autre point, mais on s’est battus, on est allés chercher un gros point à la maison. » Carrier demeure ainsi étonnamment productif depuis son arrivée à Montréal. En 18 matchs, il totalise 10 points, tous à forces égales. Depuis le 19 décembre, il arrive à égalité au 4e rang des défenseurs de la LNH au chapitre des points à égalité numérique.
Guillaume Lefrançois, La Presse


