Ébruitée il y a quelques jours, la nouvelle concernant la fin du Titan d’Acadie-Bathurst s’est officialisée vendredi matin. L’équipe a été vendue à un groupe de Terre-Neuve qui y déménagera l’équipe dès la saison prochaine. Pour le représentant des actionnaires du Titan, Marc R. Guignard, ce dénouement est empreint d’un sentiment d’échec pour ceux qui avaient acheté l’équipe en 2013.
Publié à 12 h 40
Matthew Vachon
Le Nouvelliste
En janvier 2024, les actionnaires avaient mis en place un processus avec la firme Ernst & Young afin de dénicher des investisseurs potentiels comme actionnaires ou nouveaux propriétaires. À travers cette démarche, une vingtaine de groupes ont manifesté leur intérêt afin d’avoir accès aux informations financières du Titan.
Après avoir consulté le tout, il n’y a que trois groupes qui ont maintenu l’intérêt, soit un de Terre-Neuve, un de Montréal et un autre de Toronto. Aucun de ceux-ci n’entretenait le désir de maintenir le club à long terme dans le nord du Nouveau-Brunswick. C’est finalement celui basé à Terre-Neuve qui a déposé la meilleure offre et qui a pu finaliser l’offre d’achat et de relocalisation de la concession.
« Au cours de ce processus, il est devenu assez évident que les trois groupes n’avaient pas l’intention de garder l’équipe à Bathurst. Le commissaire et la ligue nous ont demandé d’essayer d’éviter le déménagement du Titan, mais ça n’a mené nulle part. Nous avons ensuite décidé de continuer avec la meilleure offre et elle a été signée jeudi soir », a révélé Marc Guignard dans le cadre de la conférence de presse virtuelle.
« En janvier dernier, nous étions très confiants, mais malheureusement, ce sentiment s’est essoufflé au fil des mois alors qu’aucun potentiel local et durable ne se manifestait. Nous avons fait le maximum pour en arriver à un scénario différent, mais l’évidence nous a frappés et nous avons dû changer de camp. Nous tournons une importante page de notre histoire », a estimé le commissaire de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), Mario Cecchini.
Guignard a révélé au cours de la conférence de presse que le groupe montréalais qui s’intéressait au Titan pour le garder à Bathurst demandait 175 000 $ par saison de la part de la Ville de Bathurst, ce qui a été refusé, et le contrôle de l’ensemble des concessions. Il souhaitait aussi une option afin de déménager le club après 36 mois.
Une déception
Quand les 11 actionnaires s’étaient portés acquéreurs du Titan en 2013, leur objectif était de tout faire pour maintenir le club à Bathurst. Au cours des années qui ont suivi, ils ont notamment vu leur équipe connaître la gloire en 2017-2018 alors qu’elle a remporté la Coupe du Président puis la Coupe Memorial.
Malheureusement, ces succès rencontrés n’ont pas contribué à augmenter les foules au Centre K.C. Irving de manière durable. Dans les dernières saisons, les assistances moyennes de 1500 personnes et la conjoncture économique entourant la pandémie de COVID-19 ont fait en sorte que, financièrement, le fardeau était devenu trop lourd à porter pour les 11 actionnaires.
« C’est avec un sentiment de tristesse et un peu d’avoir échoué à la tâche que nous nous étions donnée en 2013 que nous annonçons la vente et la relocalisation de l’équipe à Terre-Neuve. […] Je pense qu’il y a une leçon à tirer de ceci, notamment les partisans d’autres formations de la LHJMQ. Supportez vos équipes et aidez-les. Assistez aux matchs et participez. C’est difficile pour une équipe d’avoir une santé et une viabilité financière sans l’appui des gens. »
Dans un monde idéal, il aurait été préférable pour le Titan d’avoir des foules moyennes de 2500 personnes pour atteindre une bonne santé financière, mais ça ne semblait plus possible.
« Nous n’avons jamais été en mesure d’augmenter le nombre de spectateurs. Nous avons entendu les commentaires disant que, quand le club n’est pas très compétitif, ce n’était pas très intéressant d’aller aux parties. Pourtant, au début de la saison, il y avait un moment où le Titan était au 1er rang du classement de la ligue et nous avions des matchs avec 1200 personnes… Il y a des partisans fidèles, mais c’était difficile d’avoir un bon achalandage. »
Guignard a également tenu à adresser plusieurs remerciements, notamment envers les joueurs, les familles de pension, le personnel de l’équipe, les bénévoles, les partenaires ainsi que les partisans qui ont été au poste durant les 27 années d’existence du Titan à Bathurst.
« Du fond du cœur, merci. »
Pas la fin des petits marchés
Questionné à savoir si la fin du Titan sonnait le glas des petits marchés dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), le commissaire Cecchini a indiqué que ce n’était pas le cas et que la ligue était même ouverte à ramener un club dans la région Chaleur si le bon contexte se présentait.
« Nous sommes dans une situation particulière qui a perduré sur près de deux ans. J’ai énormément d’empathie pour les partisans. Je veux simplement que nous soyons justes avec Marc et son groupe. Ces personnes ont tenu à bout de bras une concession dans une région où, malheureusement, le succès financier n’était pas au rendez-vous. Peut-être que d’autres auraient mis fin à ça bien avant 12 années. […] Si un jour un groupe revenait avec un plan d’affaires solide, Bathurst n’est pas rayé de notre liste. »
Il est à noter que la LHJMQ tiendra une autre conférence de presse à St. John’s en janvier prochain avec les nouveaux propriétaires de la franchise.
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