Sans faire de bruit, Florent Ibenge (63 ans), réalise des performances remarquables avec Al Hilal Omdurman du Soudan en Ligue des champions de la CAF. Pourtant, le contexte local n’est pas au mieux. À cause de la guerre civile, le club d’Omdurman dispute depuis deux saisons ses matchs dans un pays étranger. D’abord en Tanzanie la saison dernière et à Nouakchott (Mauritanie) cette saison.
Pourtant, sous la direction d’Ibenge, Al Hilal a obtenu une place en quarts de finale de la Ligue des champions de la CAF 2024-2025. Un parcours « un peu inespéré au départ de cette compétition. Personne ne nous attendait à ce niveau », avait confié le technicien congolais à Canal+ en décembre.
Cette qualification a été assurée après un match nul 1-1 contre le MC Alger le 5 janvier 2025, résultat qui portait le total de points d’Al Hilal à 10, garantissant leur qualification vers les phases éliminatoires, et ce, malgré un tirage aux côtés du TP Mazembe et des Young Africans (Tanzanie).
S’il a l’œil sur les résultats, les six prochains mois seront décisifs dans son avenir. Ibenge a signé un contrat de trois ans avec Al Hilal Omdurman en août 2022, avec pour objectif principal de mener l’équipe à la victoire en Ligue des champions de la CAF. Cette saison, c’est la dernière pour atteindre cet objectif.
Au Soudan, les performances récentes d’Al Hilal sous la direction d’Ibenge ont suscité des attentes quant à la possibilité pour l’équipe de remporter son premier titre en Ligue des champions de la CAF. Respecté par les médias et adulé par les supporters, Florent Ibenge pourrait-il rester encore plus avec les Bleu et Blanc, j’en ai discuté avec Al-Tahir Saleh. Journaliste chevronné depuis une décennie, il livre un regard précieux sur le regard l’impact de Florent Ibenge au Soudan.
FootRDC : Pouvez-vous nous parler de vous et de votre expérience dans la couverture du football soudanais ?
Al-Tahi Saleh : Je suis journaliste depuis 2016. Je m’intéresse au football africain et arabe. J’ai travaillé pour de nombreux sites web et journaux soudanais. Je travaille actuellement pour le journal qatari Al-Arab. J’ai couvert de nombreux évènements, notamment la Ligue des champions africaine, la Coupe des nations et la Coupe intercontinentale des clubs. Je suis également membre de l’Association internationale de la presse sportive (AIPS).
Depuis que Florent Ibenge a pris la tête d’Al Hilal en tant qu’entraîneur, comment son travail est-il évalué par les fans ?
Dans le monde du football, un entraîneur est évalué par les chiffres : le nombre de matchs joués, de matchs nuls, de défaites et de victoires. Nous constatons que Florent a réussi à obtenir de bons résultats avec Al Hilal. Si nous examinons les chiffres de l’année dernière, nous voyons que Florent n’a perdu que deux matchs avec Al Hilal, ce qui est remarquable. Avec le Congolais, Al Hilal traverse sa meilleure période, et la stabilité administrative, malgré les difficultés du Soudan, a également contribué au développement et aux bons résultats de l’équipe.
Quel regard ont les médias sur ses performances jusqu’à présent ?
Dans le monde entier, il est difficile de rallier tous les médias à votre cause. Certains en attendent plus, d’autres louent le travail accompli, mais la grande majorité considère que ce que Florent réalise avec Al Hilal est un travail de qualité avec des résultats distingués jusqu’à présent.
Cette saison, il a atteint une étape importante en qualifiant l’équipe pour les quarts de finale de la Ligue des champions de la CAF, malgré la situation actuelle au Soudan.
Comment cette performance est-elle perçue dans le pays ?
C’est certainement une grande réussite pour Al Hilal. Bien qu’ils jouent les matchs africains sur un terrain neutre, ils ont réussi à atteindre les quarts de finale sans aucune défaite, ce qui a été accueilli avec une grande satisfaction par les fans et les médias. Cette saison est considérée comme celle de la récolte, car Al Hilal a signé avec Florent Ibenge pour trois saisons, et celle-ci est la dernière ; l’équipe a donc récemment atteint sa maturité.
Avons-nous des informations sur son contrat et ses conditions de travail ?
Pour être honnête, jusqu’à présent, rien d’officiel n’a été communiqué concernant le contrat de Florent avec Al Hilal, mais ce que je sais, c’est qu’il se termine en août prochain. Cependant, compte tenu des résultats obtenus par l’équipe sous sa direction, il est difficile pour le club de se séparer de lui. Nous pourrions assister à un renouvèlement de son contrat, étant donné les résultats tangibles récents.
Enfin, y a-t-il autre chose que vous jugez pertinent de partager au sujet d’Ibenge et d’Al Hilal ?
Je tiens à remercier le Congo, qui a offert à Al Hilal un homme très bien, un être humain avant d’être un entraîneur. Il possède une grande moralité. Il a reçu de nombreuses offres au début des évènements au Soudan, mais il a refusé d’abandonner l’équipe, rejetant ces propositions et restant fidèle à son contrat.
Cela démontre qu’il est un homme de haute moralité, un père et un frère pour les joueurs avant d’être un entraîneur. Tout le monde est heureux de l’avoir, car il est devenu partie intégrante de l’équipe et partage les préoccupations des joueurs, dont les familles ont été affectées par la guerre. Il joue parfois également le rôle de psychologue.
Elisha Iragi