
McLeod Bethel-Thompson se trouvait au volant de son véhicule sur une autoroute de Los Angeles lorsque La Presse l’a joint au téléphone, vendredi après-midi. Le nouveau quart-arrière des Alouettes de Montréal n’a pas indiqué sa provenance, mais il a précisé sa destination : les bras de sa fille de 3 ans.
Publié à 5 h 00
« J’ai deux choses dans la vie : ma fille et le football », a révélé l’Américain de 36 ans.
Mardi soir, l’ancien joueur des Elks d’Edmonton a été échangé contre Cody Fajardo.
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Bo Levi Mitchell (19) et McLeod Bethel-Thompson après un match contre les Tiger-Cats de Hamilton
Le directeur général des Elks, Ed Hervey, a appris la nouvelle à Bethel-Thompson environ 45 minutes avant que la transaction ne soit annoncée. Ensuite, son agent l’a appelé. Puis, les membres de sa nouvelle équipe. Il a tour à tour parlé au directeur général Danny Maciocia, à l’entraîneur-chef Jason Maas et au coordonnateur offensif Anthony Calvillo. « Ils ont été honnêtes, ils m’ont parlé de leur plan et de la raison pour laquelle ils m’avaient acquis. »
Bethel-Thompson a terminé la saison au deuxième rang de la Ligue canadienne de football (LCF) avec 24 passes de touché et au cinquième rang avec une récolte de 3748 verges aériennes. Néanmoins, les Elks n’avaient aucune intention de lui offrir un nouveau contrat.
Le silence de l’organisation en disait long sur leurs intentions. Je savais qu’ils voulaient emprunter une nouvelle direction.
McLeod Bethel-Thompson, à propos de son ancienne équipe
Cette nouvelle direction s’appelle Tre Ford, un quart-arrière canadien de 26 ans. « C’était mon vestiaire, j’étais le leader de cette équipe, mais je comprends aussi ce que ça prend pour former un nouveau leader et donner les clés du vestiaire à un quart-arrière plus jeune. Je ne le voyais pas comme ça, mais peut-être sentaient-ils que je devais partir pour pouvoir opérer la transition et pour permettre à Tre de prendre les rênes de l’équipe. »
Bethel-Thompson deviendra joueur autonome le 11 février. D’ici là, les Alouettes sont la seule équipe à pouvoir négocier avec lui. Le vétéran affirme avoir envisagé quelques options pour la saison à venir. Comme retourner dans la United Football League (UFL), aux États-Unis.
« Mais la transaction a changé bien des choses, car Montréal vient de prendre l’avance sur tous les autres marchés. »
Reste seulement à discuter à nouveau avec l’organisation pour « voir comment on peut s’arranger pour [s]a fille ».
Toute sa vie
Sa fille aura 4 ans la semaine prochaine. Néanmoins, elle aime déjà le football. Elle a déjà assisté à des matchs et à des entraînements de son père.
« Elle aime le football, ça se voit dans ses yeux. J’ignore si elle comprend que c’est mon travail », déclare le natif de San Francisco en riant. Mais Bethel-Thompson se définit comme un père d’abord et un joueur de football ensuite. « Ma fille, c’est toute ma vie », ajoute-t-il.
Cependant, parmi les inconvénients associés à sa profession, il existe la possibilité de déménager. Et Bethel-Thompson vit dans l’instabilité depuis ses débuts au football professionnel. Depuis 2011, il a évolué pour 12 organisations à travers cinq ligues différentes. De San Jose à Edmonton, en passant par le Minnesota et Miami.
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McLeod Bethel-Thompson donne le ballon à son coéquipier des Elks d’Edmonton lors d’un match contre les Alouettes l’été dernier.
« Je m’y suis habitué par la force des choses. Ce n’est jamais agréable. Je préférerais toujours être au même endroit. On connaît l’environnement, on a nos repères, on sait où manger, où habiter. C’est sûr que c’est plus simple. Donc, je suis reconnaissant envers ma famille de me laisser me déplacer autant », estime le principal intéressé.
Les déplacements deviennent chaque fois plus difficiles depuis la venue au monde de sa fille. En quatre ans, il aura joué à Toronto, à La Nouvelle-Orléans, à Edmonton et probablement à Montréal. Il a cependant toujours trouvé le moyen de se relancer. Comme au pays des Oilers.
« Je sens que je rajeunis chaque année. Je suis en pleine forme et je sens que je pourrais jouer longtemps. Mais dès que ma fille me dira que c’est assez, j’accrocherai mes crampons. En attendant, je vais jouer jusqu’à ce que mon corps me le permette. »
Comme un leader
La situation dans le vestiaire des Alouettes s’apparente grandement à celle des Elks. Les deux formations ont échangé leur quart partant et vieillissant pour donner toute la place à un jeune quart prometteur de 26 ans. À Montréal, il y a moins d’un mois, Davis Alexander a été présenté comme le quart du présent et de l’avenir lorsqu’il a paraphé une entente de trois ans avec l’équipe.
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Le quart-arrière des Alouettes de Montréal Davis Alexander
Bethel-Thompson a la conviction d’avoir les qualités requises pour revendiquer un poste de partant dans cette ligue. « J’ai bien joué, mon corps se sentait bien et je pense que je peux encore repousser mes limites. Je n’ai pas encore joué mon meilleur football. Quand je joue bien, je peux être le meilleur quart-arrière de la ligue », affirme-t-il.
Il comprend néanmoins que « Davis est l’homme de confiance de l’organisation ». En ce sens, il accepterait de jouer un rôle de mentor. Tant que la culture de ce vestiaire lui permet de s’épanouir, d’une façon ou d’une autre.
Ma priorité est de faire partie d’une culture gagnante et d’un vestiaire gagnant. Je veux aider les jeunes joueurs.
McLeod Bethel-Thompson
À Montréal, il rejoint d’anciens coéquipiers, comme Nick Callendar, Darnell Sankey, Shawn Lemon et Justin Lawrence. Avec ces vétérans et les plus jeunes âmes de l’équipe, il veut gagner à nouveau. Comme il l’a fait en 2017 et en 2022 à Toronto. Que ce soit comme partant ou comme second.
« Je vais jouer n’importe quel rôle pour qu’on puisse gagner des matchs. J’espère que je vais pouvoir signer mon nom au bas du contrat et, dès que c’est fait, je deviens un membre de l’équipe. Mon ambition personnelle n’aura plus d’importance, je vais travailler pour le bien de l’équipe. Peu importe ce que ça prend. »


