“prédire à l’époque rennaise qu’Ousmane Dembélé serait Ballon d’Or ? Non !” [Exclu]

Lundi, Ousmane Dembélé a remporté le Ballon d’Or 2025 au terme d’une saison stratosphérique avec le Paris Saint-Germain. L’ex-international centrafricain Habib Habibou, qui a connu l’international français à ses débuts au Stade Rennais (2014-2016), est revenu en exclusivité pour Afrik-Foot sur le sacre d’un ex-coéquipier qu’il avait pris sous son aile en Bretagne, racontant quelques anecdotes qui valent le détour et qui illustrent le talent et la détermination du Tricolore.

Entretien réalisé par Yoro Mangara

Habib Habibou, Ousmane Dembélé Ballon d’Or, c’est mérité selon vous ?

Au vu de la la saison qu’Ousmane a faite, c’est vraiment mérité. Si on se réfère à la saison de Dembélé, il a été très important pour son club. Il a su marquer beaucoup de buts et être très décisif. C’est plus que mérité pour lui ! Arriver au sommet dans un club en gagnant tous les trophées, c’est juste incroyable. 

Son nouveau positionnement en tant que numéro 9 lui a permis de passer un cap dans sa carrière. Il a su soigner ses stats, il a su être leader au bon moment, et surtout il est dans le meilleur club français. La saison d’Ousmane a été exceptionnelle ! Son aisance technique et sa finition font de lui aujourd’hui le meilleur joueur du monde. Il a été excellent tout au long de la saison dernière. 

C’est remarquable ce qu’Ousmane a pu faire pendant toutes ces années, sa progression : Dortmund, le Barça et aujourd’hui au PSG avec un rôle de neuf. Aujourd’hui, il est devenu un joueur de classe mondiale. Je suis très satisfait !

“C’était juste impressionnant de voir un jeune qui avait du talent arriver avec beaucoup de confiance en lui”

Racontez-nous votre premier souvenir avec Ousmane Dembélé ?

Moi j’étais à Rennes, Ousmane était avec la réserve. On était souvent ensemble, on s’entendait bien. Des fois, c’est moi qui le déposais chez lui. Il venait souvent s’entraîner avec les pros, il avait cette fougue. C’était juste impressionnant de voir un jeune qui avait du talent arriver avec beaucoup de confiance en lui, avec une facilité pour éliminer deux-trois hommes pied gauche, pied droit. C’était juste un plaisir de le voir jouer. Ce qui lui arrive aujourd’hui ne m’étonne pas !

© Iconsport

 Comment ça se passait aux entraînements avec lui ? Comment il se comportait avec les pros ?

Il avait beaucoup de respect pour les anciens. C’est grâce évidement à ses origines africaines, son éducation et sa culture. Il savait où il devait se positionner par rapport aux anciens. Après, sur le terrain, il envoyait un message clair à tout le groupe, il montrait à tout le monde qu’il était là pour prendre la place à quelqu’un. Et c’est ce qu’il a fait. 

Il a su s’imposer très jeune au Stade Rennais, a enchanté la Ligue 1 et a su partir par la grande porte au Borussia Dortmund. Aux entraînements, tout le monde disait que c’est un grand joueur en devenir, l’avenir nous a donné raison !

A l’époque, franchement, vous voyez qu’il avait autant de talent ? Si on vous avait dit qu’il deviendrait Ballon d’Or, vous y aurez cru ? 

(Hésitations) Sans mentir non ! Après, tout le monde voyait que c’était un joyau, même s’il n’était pas le seul talent du groupe à l’époque. Si on pouvait prédire qu’il serait Ballon d’Or à l’époque, honnêtement non !

“Le switch il l’a fait seul dans sa tête, c’est les grands qui savent faire ça”

D’après vous, quand est-ce qu’il a changé de dimension, quel a été le déclic qui l’a fait basculer parmi le top Mondial ?

Le déclic, ça je ne peux pas le dire. C’est lui et son entourage qui peuvent en parler. Je crois sincèrement que c’est un tout, son passage en Allemagne et au Barça l’ont aidé. Le fait qu’il ait enchaîné les blessures aussi avant d’arriver à Paris, peut-être que ça a joué un peu dans sa tête. Il arrive à Paris, commence à marquer beaucoup de buts, il s’est peut-être dit que lui aussi était un grand joueur. Il l’était déjà hein selon moi. Mais, basculer dans une autre dimension, il fallait le faire. Porter le PSG comme il l’a fait la saison dernière, c’est vraiment formidable. Le switch il l’a fait seul dans sa tête, c’est les grands qui savent faire ça.

Est-ce que vous auriez une anecdote à nous raconter sur lui ?

(Rires) Je devais aller acheter un chien pour mon fils à Guingamp, et Guingamp-Rennes c’est loin, je ne voulais pas faire le trajet tout seul. On venait de finir l’entrainement, je devais le déposer chez lui. Je l’ai pris avec moi, on est parti chercher le chien loin, et, quand on est arrivé chez moi, je me suis mis direct à donner au chien à manger. Pendant ce temps, Ousmane dormait déjà, il était KO. 

A un moment, il se réveille et me demande si le chien est toujours là, il était dans les vapes, je lui réponds “bien sûr qu’il est là, où veux-tu qu’il soit ?” Il était fatigué le pauvre ! Je devais ensuite le ramener chez lui et, pendant tout le trajet, il dormait derrière. J’avais le seum, je voulais aussi dormir, j’avais sommeil mais je ne pouvais pas car c’est moi qui conduisais.

Une autre anecdote, c’est dans le vestiaire, il y avait une chanson à mon nom quand je jouais en Belgique. La chanson faisait « Habibou, Habibou, Habibou » et je la jouais dans le vestiaire, il dansait ! On avait vraiment un bon groupe, c’était sympa !