Heureusement, il y a les Bills pour sauver l’honneur de Buffalo. Les Sabres se sont réveillés lundi matin avec un triste exploit : ils sont la seule équipe de l’Association de l’Est à être écartée du « mix ».
Publié à 12 h 50
Il y a les six clubs de tête, Toronto, Floride, Tampa, Washington, New Jersey et la Caroline. Après eux, six points séparent neuf équipes, dont le Canadien : Boston, première des deux formations repêchées, et Philadelphie, avant-dernière, avec en outre deux matchs en main pour les Flyers.
Le classement imaginé par le clan Bettman est brillant. En permettant au club perdant en surtemps de récolter un point et en n’accordant pas plus de deux points pour le gagnant en prolongation ou en fusillade, et avec le plafond salarial par surcroît, on permet à un maximum de clubs d’espérer une place en séries.
On n’en aura jamais eu plus belle expression que cette saison. Les neuf clubs dans le « mix », ou plutôt dans la course pour une place en séries éliminatoires, ont tous plus de défaites que de victoires.
C’est moins évident dans l’Ouest. Anaheim, Seattle, Nashville, San Jose et Chicago pensent davantage à la loterie qu’à la possibilité de se qualifier. L’adversaire du Canadien mardi soir, le club de l’Utah, après un bon début de saison, est en déroute et se retrouver désormais à cinq points des Canucks et de la dernière place donnant accès aux éliminatoires.
La course dans l’Est (points)
La course dans l’Est (%)
On retrouve dans ce groupe hétéroclite deux clubs en déclin, deux équipes décevantes et cinq reconstructeurs.
Les équipes en déclin
Penguins de Pittsburgh
Avec un noyau de quatre joueurs – Crosby, Malkin, Letang et Karlsson – dont l’âge moyen se situe à 36,5 ans, les Penguins ont raté les séries lors des deux saisons précédentes et n’ont pas franchi le premier tour éliminatoire depuis 2018. Mais on s’accroche à un espoir utopique de recréer la gloire passée. Sidney Crosby est encore productif, avec 48 points en 45 matchs, Rickard Rakell renaît, avec 22 buts, mais Evgeni Malkin, après un autre départ épatant, a terriblement ralenti, de même que Kristopher Letang. Avec trois matchs de moins à disputer que Montréal, Detroit et Ottawa, tous devant lui au classement, Pittsburgh devra allumer des lampions…
Islanders de New York
Le DG octogénaire des Islanders, Lou Lamoriello, a construit son équipe pour du succès à court terme et n’a jamais hésité à se départir d’espoirs et de choix au repêchage pour obtenir des joueurs plus expérimentés. La recette a fonctionné en 2020 et en 2021, avec deux carrés d’as. Mais les Islanders n’ont jamais eu un grand club. Ils ont participé aux séries lors des deux années précédentes, sans pour autant atteindre la marque des 95 points. Leurs quatre premiers compteurs ont tous 30 ans et plus. Ce club vieillissant tourne en rond et Patrick Roy fait ce qu’il peut avec les outils à sa disposition. La chute pourrait être longue et brutale.
Les déceptions
Rangers de New York
Après des saisons de 114, 107 et 110 points, un noyau encore dans la force de l’âge et un gardien, Igor Shesterkin, parmi l’élite de la LNH, les Rangers étaient encore un prétendant à la Coupe Stanley cette saison, surtout après avoir atteint le carré d’as l’an dernier. La menace d’échanger deux vétérans et piliers dans le vestiaire, Jacob Trouba et Chris Kreider, il y a plusieurs semaines, annonçait un malaise à l’interne. Tous les joueurs, à l’exception peut-être du jeune Will Cuylle, sous-performent. Trouba a été échangé aux Ducks d’Anaheim, Kaapo Kakko à Seattle, où il a déjà amassé 8 points en 11 matchs. D’autres départs sont à prévoir. New York vient néanmoins de remporter deux matchs de suite.
Bruins de Boston
On avait pourtant ajouté des pièces importantes sur le marché des joueurs autonomes avec le centre Elias Lindholm et le défenseur Nikita Zadorov. La plupart des joueurs importants – David Pastrnak, Charlie McAvoy, Hampus Lindholm, Pavel Zacha, Brandon Carlo et Jeremy Swayman – n’avaient pas 30 ans, ou à peine. On a peut-être sous-estimé la perte de l’autre gardien, Linus Ullmark, et l’impact des négociations de contrat difficiles avec Swayman. L’entraîneur Jim Montgomery a constitué la première victime de la débâcle de Boston. Brad Marchand a démenti avec véhémence ces derniers jours les rumeurs d’une mésentente avec Pastrnak, son meilleur ami, insiste-t-il pour dire. Malgré trois victoires à leurs dix derniers matchs, les Bruins ne sont pas morts, cependant.
Les reconstructeurs
Canadien de Montréal
Le CH constitue sans doute le club dont la reconstruction est la plus récente avec celle des Flyers de Philadelphie. Celles de Detroit, Ottawa et Columbus remontent à quelques années plus tôt. Ainsi, avec une poussée irrésistible depuis le 17 décembre, une fiche de 9-2-1, la meilleure de la LNH, Montréal se replace dans la course aux séries sans pour autant compter sur ses meilleurs atouts pour l’avenir, Ivan Demidov, David Reinbacher, Michael Hage et Jacob Fowler. Ses quatre premiers compteurs, Nick Suzuki, Cole Caufield, Lane Hutson et Juraj Slafkovsky, ont tous 25 ans et moins – Hutson et Slafkovsky ont seulement 20 ans. Le CH possède toujours deux choix de premier tour, deux choix de deuxième tour et trois choix de troisième tour en 2025. Très encourageant.
Blue Jackets de Columbus
Columbus a fait peau neuve cette saison en remplaçant son directeur général Jarmo Kekalainen par Don Waddell. Celui-ci a nommé un nouvel entraîneur pour succéder à Pascal Vincent, Dean Evason. La mort tragique de la vedette Johnny Gaudreau a secoué l’organisation. Et cela sert assurément de motivation pour le groupe, voué à honorer la mémoire du coéquipier. Sean Monahan, venu à Columbus à titre de joueur autonome sans compensation pour rejoindre son ancien pote des Flames, connaît à 30 ans sa meilleure première moitié de saison depuis 2018 avec 41 points en autant de rencontres, au centre de deux jeunes sensations russes, Kirill Marchenko et Dmitry Voronkov. Le défenseur Zach Werenski connaît ses meilleurs moments en carrière. Columbus a aussi plusieurs très jeunes joueurs dans sa formation : Kent Johnson, Cole Sillinger, Adam Fantilli et Denton Mateychuk.
Sénateurs d’Ottawa
Enfin un peu d’espoir à Ottawa, après sept exclusions consécutives des séries. L’arrivée du gardien Linus Ullmark a apporté beaucoup de stabilité, même si Ottawa a réussi à gagner ses deux derniers matchs sans lui. Le jeune noyau constitué de Tim Stützle, Brady Tkachuk, Drake Batherson, Josh Norris et Jake Sanderson est intéressant. Il n’est cependant pas assez puissant pour aspirer à la Coupe Stanley, et comme on a gaspillé plusieurs hauts choix au repêchage dans les dernières années, le plafond des Sénateurs est probablement moins élevé que celui du Canadien ou des Blue Jackets.
Red Wings de Detroit
Le congédiement de l’entraîneur-chef Derek Lalonde et l’arrivée de Todd McLellan ont dynamisé ce club. Les Red Wings ont remporté sept matchs de suite pour se replacer dans la course. Mais mis à part Lucas Raymond et Moritz Seider, et dans une certaine mesure Simon Edvinsson, ce club est tiré essentiellement par des vétérans, Dylan Larkin, Alex DeBrincat, Patrick Kane, J.T. Compher, Andrew Copp, Ben Chiarot, Jeff Petry et Cam Talbot. Faudra voir éventuellement si les autres espoirs, Nate Danielson, Marco Kasper, Axel Sandin-Pellika, Sebastian Cossa et Michael Brandsegg-Nygard, seront assez talentueux pour faire de Detroit un club de premier plan lorsque les plus vieux seront partis.
Flyers de Philadelphie
Après avoir flirté avec une place en séries l’an dernier, les Flyers en sont plus éloignés cet hiver. Ils demeurent compétitifs grâce à un entraîneur à la poigne de fer, John Tortorella. Sur quels piliers repose l’avenir des Flyers ? Matvei Michkov, bien sûr, étonnant en début de saison avec 27 points en autant de rencontres, mais seulement 3 à ses 14 dernières (et une fiche de -17 au cours de cette période). Il y a également le défenseur Jamie Drysdale, 22 ans, obtenu pour Cutter Gauthier, et toujours à la recherche de ses repères à Philadelphie, Cam York, 24 ans, un autre défenseur, un peu moins transcendant que la saison précédente, Tyson Foerster, un ailier de puissance de 22 ans en route vers une autre saison d’une vingtaine de buts. Également, deux membres de l’équipe canadienne junior au plus récent Championnat mondial junior, Jett Luchanko et Oliver Bonk, deux bons jeunes joueurs, mais pas considérés comme de niveau élite. Un coup de circuit au prochain repêchage (pour l’heure, Philadelphie repêcherait sixième) ne ferait pas de tort.
Le chiffre du jour : 9
Les Sharks de San Jose ont accéléré le processus de rajeunissement récemment et comptent désormais neuf joueurs de première année dans la Ligue nationale : Macklin Celebrini, Will Smith, Nikolai Kovalenko, Yaroslav Askarov, Shakir Mukhamadullin, Ethan Cardwell, Danil Gushchin, Collin Graf et Jack Thompson. C’est presque la moitié de l’équipe !