Mission accomplie pour l’entreprise québécoise Kollide. Elle s’était donné l’objectif de concevoir un casque de football « plus léger », tout aussi « performant », et surtout « abordable ». Et voilà que son Apache vient de se hisser au sommet du classement référence de Virginia Tech.
Publié à 7 h 00
« C’est comme la réalisation d’un immense défi », nous dit Éric Gaudreau, président de Kollide.
La montréalaise s’est fait connaître avec son casque Gladiator, mis en marché par le distributeur californien LIGHT Helmets, aux États-Unis. La version Gladiator ATK est présentement utilisée par 24 des 32 équipes de la NFL.
Sa technologie K3D, composée de structures imprimées en 3D, a fait de l’entreprise un des leaders dans la protection contre les blessures à la tête et pour réduire les risques de commotions cérébrales.
Avec le nouvel Apache, Kollide cible en premier lieu le marché canadien récréatif, collégial et universitaire.
« Nous, on avait comme objectif de le rendre accessible au grand public, souligne Éric Gaudreau. Les technologies 3D, c’est souvent dédié aux sports professionnels. C’est souvent un peu cher. […] Il a fallu complètement repenser notre stratégie et notre conception pour le faire. »
PHOTO FOURNIE PAR KOLLIDE
Le casque Apache de Kollide
Le Gladiator ATK se vend à près de 1000 $. L’Apache, sur le site de son détaillant Piché Sports, est affiché à 695 $.
La grande différence entre les deux ?
« L’Apache est 20 % plus léger par rapport au Gladiator. Ça veut dire qu’il y a moins de matière dedans. On a revu nos façons d’absorber l’énergie pour être capable de compenser et d’être aussi performant. »
Pour cette société d’innovation, c’est là que résidait le défi. Et c’est pourquoi cette première position dans le classement du laboratoire de Virginia Tech est aussi gratifiante.
« On savait qu’on avait quelque chose qui était intéressant, parce qu’on a fait nos analyses de notre côté, dit Éric Gaudreau. [Ce premier rang], ça confirme qu’on a travaillé dans le bon sens. »
« Notre cœur est au Canada »
Pour le président de la jeune pousse, « c’est une immense fierté » de pouvoir opérer localement, au Québec.
La fabrication se fait ici, ce sont des gens d’ici qui innovent.
Éric Gaudreau, président de Kollide
Pour l’Apache, l’idée a toujours été de le rendre disponible au Canada, même si son partenaire LIGHT Helmets est présent surtout dans le marché américain. « Nous, notre cœur est au Canada. On veut que la technologie soit là », dit Gaudreau.
Le casque sera distribué à travers différents représentants autorisés au pays.
Et même si ce nouveau produit cible le grand public canadien, pourra-t-il néanmoins faire son chemin jusqu’à la NFL ?
« En fait, il performe tellement bien qu’on a décidé d’en faire une autre version, l’Apache Pro. Il va être introduit dans la NFL en 2025. »
Il y aura aussi un nouveau modèle du Gladiator, soit le « Gladiator Thunder », aussi présenté au circuit Goodell dès l’an prochain.
Éric Gaudreau nous explique que les laboratoires de la NFL se dirigent de plus en plus vers des protocoles visant à homologuer des casques conçus pour des « positions spécifiques ».
« Ça tombe bien parce que l’Apache, très léger, va très bien pour les protocoles des quarts-arrières. »
Pour éviter de porter le Guardian…
Si la NFL a ses propres laboratoires, pourquoi ceux de Virginia Tech sont-ils la référence ?
« C’est un laboratoire indépendant, explique Éric Gaudreau. Ils font des évaluations de casques dans tous les segments. On les voit au hockey, dans le vélo. […] C’est un laboratoire d’impact. On envoie les casques, et ils sont testés sur des bancs d’essai mécaniques. C’est un comparatif par rapport aux différentes technologies sur le marché. Pour le grand public qui veut s’acheter un casque de hockey, de vélo, ça donne une référence en termes de performance. »
« La NFL a ses propres protocoles et sa propre façon d’évaluer, continue-t-il. C’est légèrement différent. »
Et qu’en est-il des couvre-casques Guardian, que les joueurs de la NFL doivent porter lors des entraînements ? Des données préliminaires de la LCF indiquent que les commotions cérébrales ont été réduites de 42 % lorsque la pièce d’équipement a été utilisée lors des camps d’entraînement, en 2023. Mais d’autres études ont eu des résultats mitigés, tandis que son esthétisme, pour les joueurs, demeure discutable.
« J’ai tout le temps plein de monde qui me pose des questions ! lance Éric Gaudreau. La NFL, ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont mis un seuil en fonction des résultats des tests. Si les manufacturiers dépassent ce seuil, il y a une obligation de porter le casque pendant les entraînements. Un de nos objectifs, avec les nouvelles générations de casques qu’on amène pour la NFL, c’est d’être sous ce seuil-là, pour justement éviter de devoir porter le Guardian durant les entraînements. »
Ces casques ont été soumis en décembre.
« On espère avoir réussi cet objectif-là. Pour l’Apache Pro et le Gladiator Thunder, d’après les résultats préliminaires qu’on a, on pense qu’on devrait être corrects. »