Vendredi dernier, le Québec et le pays tout entier commémoraient les 35 ans de la tuerie de Polytechnique. Ann-Renée Desbiens tenait à en faire autant, à sa façon.
La gardienne de la Victoire de Montréal a ainsi dévoilé son nouveau masque qui rend notamment hommage aux 14 jeunes femmes victimes de cette tragédie. On y aperçoit les 14 faisceaux de lumière qui illuminent le ciel chaque 6 décembre, depuis le sommet du mont Royal.
« Souvent, j’essaie de célébrer des personnes qui ont connu du succès et qui ont marqué l’histoire du Québec. Je pense que c’est important pour moi de souligner aussi l’histoire un peu moins positive. J’essaie de souligner les femmes, et c’est un moment qui a eu un impact sur les femmes à travers le Canada », a expliqué Desbiens au terme de l’entraînement de l’équipe lundi, à l’Auditorium de Verdun.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
La gardienne de la Victoire de Montréal, Ann-Renée Desbiens
La joueuse de 30 ans a précisé qu’une personne gravitant autour de l’organisation et qui a été touchée par ce drame – elle n’a pas voulu dévoiler de qui il s’agissait exactement – lui a suggéré de rendre cet hommage. Après des discussions avec des coéquipières et d’autres membres du club, l’idée s’est concrétisée pour de bon.
« Ces femmes-là [les victimes] étaient des pionnières à leur façon, a souligné Desbiens. L’éducation n’avait pas toujours été accessible pour les femmes. Le fait qu’elles puissent y aller, qu’elles avaient le courage d’y aller, et qu’un drame comme ça se passe… Je trouvais que c’était une belle façon de se souvenir de quelque chose qui n’est peut-être pas aussi positif que le reste de mon masque, mais dont il est important de se souvenir. »
Sur la même image, trois femmes vêtues d’un chandail de hockey observent ces rayons lumineux au loin. Dans leur dos, on peut lire les noms de famille Dion, Petitclerc et Casgrain.
« Je voulais essayer de sortir un peu du hockey. L’année passée, j’avais honoré des pionnières au niveau du hockey – Kim St-Pierre, Manon Rhéaume, Caroline Ouellette – qui avaient connu beaucoup de succès. J’ai décidé de changer un peu cette année. »
Elle a donc choisi de saluer à sa façon l’héritage de Thérèse Casgrain, militante féministe qui a notamment œuvré pour que les femmes obtiennent le droit de vote au Québec en 1940. Un clin d’œil aussi à Chantal Petitclerc, dont Desbiens observait les prouesses aux Jeux paralympiques pendant sa jeunesse.
Et Céline ?
« Je ne pense pas avoir besoin de justifier [ce choix] ! lance-t-elle en riant. Surtout avec sa performance aux Jeux olympiques, le courage qu’elle a démontré au cours des dernières années, c’est exceptionnel. »
Pause internationale
La saison de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) n’est vieille que de trois matchs, mais déjà, les activités sont mises sur pause pour une dizaine de jours alors que se déroulent diverses compétitions internationales. On voulait donc permettre aux joueuses évoluant dans le circuit d’y représenter leur pays, le cas échéant.
Du côté de la Victoire, la gardienne Sandra Abstreiter est partie rejoindre l’équipe d’Allemagne qui poursuivra ses efforts pour se qualifier de nouveau aux Jeux olympiques en se mesurant à la Norvège. Les Suédoises Anna Kjellbin et Lina Ljungblom, qui avaient été invitées au Women’s Euro Hockey Tour en Finlande, ont pour leur part décidé de demeurer à Montréal.
« À ce moment-ci, nous avons déterminé qu’il serait plus profitable pour moi de rester ici pour ces deux semaines, a fait savoir Kjellbin. On déménageait ce week-end. C’est beaucoup de déménager dans un nouveau pays, et je crois qu’au final, ce sera bénéfique pour les deux parties. »
Chez les Montréalaises, si on reconnaît que cette pause survient plutôt hâtivement dans la saison, on entend en profiter afin de redoubler d’ardeur durant les entraînements et pour unifier encore davantage les effectifs.
« D’avoir ces 10 jours en tant qu’équipe pour construire cette chimie, resserrer nos liens, apprendre à se connaître un peu mieux et avoir quelques entraînements plus difficiles, je pense que c’est important. C’est difficile, mais à la fin, je pense que ça aidera tout le monde à s’améliorer », a fait valoir l’attaquante Laura Stacey.
« On fait de notre mieux pour que chaque jour soit significatif, a plus tard ajouté l’entraîneuse-chef Kori Cheverie. Nous avons beaucoup de choses sur lesquelles on doit travailler, et nous en sommes à l’étape de bâtir notre identité. Les habitudes que nous voulons avoir lorsqu’on joue ne sont pas encore tout à fait solidifiées. C’est donc un assez bon moment. »
La Victoire disputera donc son prochain match le 21 décembre, alors qu’elle rendra visite aux Sceptres à Toronto.