Blessé depuis le mois d’octobre, Jean Michaël Seri ne figure logiquement pas dans la liste du sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Emerse Faé, pour les matchs contre le Burundi (vendredi) et la Gambie (le 24 mars) ce mois-ci dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Mais, à 33 ans, l’heure de la retraite internationale est encore loin d’avoir sonné pour le milieu de terrain d’Al-Orobah (Arabie Saoudite), qui se projette non seulement sur la CAN 2025 avec les Eléphants, mais aussi bien plus loin, comme il l’a confié dans cette deuxième partie de l’entretien qu’il accordé en exclusivité à Afrik-Foot.
Entretien réalisé par A.P.
Aviez-vous échangé avec le sélectionneur Emerse Faé avant de signer en Arabie Saoudite ?
Il m’a demandé comment ça allait se passer pour moi. Je lui ai dit que j’allais partir là-bas. Mais le fait d’être en Arabie Saoudite n’est pas problématique, c’est un championnat où il y a beaucoup d’intensité. Les joueurs ne perdent pas en intensité en jouant ici. Jouer en Europe ou ici ne change pas vraiment au niveau de l’intensité, contrairement à d’autres championnats du Golfe peut-être.
Jean Michaël Seri : “j’aurais pu revenir en France” [Exclu] #football https://t.co/e3LwOdlB6h pic.twitter.com/UmZyPgDKA3
— Afrik-Foot (@afrikfoot) March 16, 2025
Vous n’avez signé qu’un an. Comment voyez-vous l’avenir ?
J’ai signé un an plus un an en option. Moi, je ne me projette jamais sur la saison à venir. Je suis toujours focus sur la saison en cours. Après, on voit ce qui se passe. Je ne peux pas vous dire aujourd’hui qu’est-ce que je vais faire. Aujourd’hui, je suis dans une étape de réhabilitation, je vais essayer ensuite de gratter le maximum de matchs que je peux d’ici la fin de la saison. Et puis, après ça, on verra. Il y aura d’abord les vacances pour bien évacuer et récupérer en famille, et puis, il faudra essayer de se projeter pour voir ce que je fais.
“Imaginez qu’on sorte de cette poule-là à la CAN avec 9 points”
La CAN 2025 arrive en fin d’année, avec un groupe relevé pour la Côte d’Ivoire, qui sera opposée au Cameroun, au Gabon et au Mozambique. Quel est votre regard sur ce tirage ?
Moi, en Afrique, j’ai toujours aimé jouer les gros parce que la Côte d’Ivoire, avec son effectif, avec des joueurs qui ont envie de prouver, ça ne peut être qu’avantageux pour nous. Ce sont des matches qui donnent beaucoup plus de motivation, qui sont pris au sérieux dès le départ. Et ça va nous préparer pour éventuellement les tours suivants. Imaginez que vous sortez de cette poule-là avec 9 points, c’est vraiment génial ! Vous prenez les choses bien plus au sérieux. C’est un très bon tirage et je ne peux que m’en réjouir.
La Côte d’Ivoire et le Gabon se sont déjà affrontés en juin 2024 dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 (1-0).
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Cette CAN va se dérouler du 21 décembre au 18 janvier, pendant les fêtes de fin d’année. Que vous inspirent ces dates inhabituelles ?
Le changement au niveau du calendrier, c’est simplement pour ajuster. Je ne pense pas que ça puisse changer quelque chose. Les clubs laissent habituellement partir leurs joueurs après le dernier match de l’année civile. La préparation se fera juste un peu plus tôt. Les joueurs seront en pleine compétition. Ça privera les clubs de leurs joueurs en novembre et en décembre. Mais pour les joueurs, ça ne change pas beaucoup.
“Le Maroc à domicile me semble très armé”
Comment jugez-vous les chances de doublé des Éléphants ?
Je dis que rien n’est impossible. Il va falloir être bien, oublier ce qu’on a fait lors de la précédente CAN et se dire qu’on remet notre titre en jeu et qu’on doit tout faire pour le conserver. Ce sera très difficile, le Maroc, qui jouera à domicile, me semble très armé. Mais on peut remettre ça. Je pense qu’on peut, qu’on a de grandes chances. Je ne suis pas inquiet.
Il faudra arriver avec beaucoup d’humilité et oublier ce que nous avons fait en 2023. Quand vous restez dans ce que vous avez fait lors de la CAN précédente, c’est là que vous vous trompez. On l’a vécu en 2017 après le succès en 2015, on s’était fait sortir au premier tour. L’Algérie a connu ça aussi après 2019. Il faudra vraiment switcher.
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Quels sont selon vous les autres favoris en plus de vous et du Maroc ?
Il y a toujours le Sénégal qui est là. Il y a aussi l’Égypte qui sera très très en forme avec notamment Mohamed Salah, s’il est toujours dans sa forme actuelle, qui fait vraiment des choses exceptionnelles avec Liverpool. Ils ont beaucoup de jeunes joueurs qui vont arriver. Il y a pas mal de nations qui seront présentes. Il y aura aussi le Nigeria. Comme je l’ai dit, pour moi, tout est possible.
Vous savez, la CAN, c’est une compétition qui se gagne avec beaucoup d’envie et de détermination. Si vous venez comme une nation sénatrice, vous allez prendre un mur. C’est important de pouvoir tout donner et espérer.
“Je ne peux pas dire quand j’arrêterai en sélection”
Cette CAN, est-ce un objectif pour vous à titre personnel ? Jusqu’à quand comptez-vous jouer avec la sélection ?
Bien sûr, c’est un objectif d’être à la CAN. Souvent, on se fixe des objectifs par rapport à la date de la retraite, de la retraite internationale, de la dernière compétition. Ça dépend de la manière dont se déroulent les choses, ça dépend du staff technique, ça dépend de l’organisation, mais pour moi, le nouveau coach Emerse Faé, je vais l’accompagner. C’est quelqu’un d’ambitieux, qui compte beaucoup sur moi, ça donne envie de vouloir continuer. Je ne peux pas dire aujourd’hui quand j’arrêterai en sélection.
Tout ce que je peux dire, c’est qu’un joueur sérieux, qui prend soin de lui, peut jouer en sélection jusqu’à tard. Je prends toujours l’exemple de Dante (que Seri a connu à Nice et qui y joue toujours à 41 ans, ndlr). C’est un modèle pour tous les joueurs qui veulent devenir professionnels et avoir une très longue carrière. Tant que tu prends bien soin de toi et que tu peux jouer, il faut en profiter. Il ne faut pas de fixer de limites en se disant “c’est ma dernière compétition, c’est ma dernière saison”. Tant que tu peux, tu continues.
Jean Michaël Seri et Dante ensemble sous les couleurs de Nice en 2016.
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Qui sera le prochain Ivoirien à remporter le Ballon d’Or africain ?
Je ne sais vraiment pas. À l’époque, il y avait plus de talents individuels. C’était plus facile de ressortir quelqu’un. On pense à Didier Drogba, Yaya Touré, Gervinho… Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est une équipe qui progresse d’année en année, parce qu’elle a un collectif bien huilé. C’est aujourd’hui la force de la Côte d’Ivoire. Le collectif prime sur l’individualité. C’est difficile de détacher un joueur, hormis s’il réalise une saison hors norme avec son club et gagne un titre avec la sélection.